Le conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (ONU) a voté à l’unanimité, le jeudi 31 mars, la création en Somalie d’une nouvelle force de maintien de la paix conduite par l’Union africaine. Cette mission aura pour vision de stabiliser le pays face à l’insurrection islamiste shebab, objectif inaccompli depuis 15 ans.
Elle a été baptisée Mission africaine de transition en somalie (Atmis). Cette force de maintien de paix remplacera l’Amisom (Mission de l’Union africaine en Somalie) et verra ses effectifs de près de 20.000 militaires, policiers et civils, prévus pour être progressivement réduits jusqu’à zéro au 31 décembre 2024. Ainsi, près de 2 000 militaires devraient quitter la force d’ici la fin de l’année 2022, puis suivront d’autres en quatre phases.
Pourquoi l’Atmis en remplacement de l’Amisom ?
L’Amisom a vu le jour grâce à l’UA en 2007 dans l’unique but de soutenir le gouvernement somalien face à l’insurrection des shebab, islamistes radicaux liés à Al-Qaïda. En effet, elle a réussi à chasser ces rebelles des principales villes, dont la capitale Mogadiscio en 2011, permettant l’installation d’un gouvernement et d’institutions fédérales ainsi que la tenue de deux cycles d’élections (2012, 2017). Selon Samira Gaid, directrice exécutive de l’institut somalien Hiraal spécialisé sur les questions de sécurité, « L’Amisom a contribué à sécuriser et créer un environnement propice à la vie politique et à l’activité économique »
En 2014 poursuivit la directrice, « on l’a surtout vue sur la défensive, tenir ses positions… Il y avait une occasion en 2014-2015 de poursuivre l’offensive et de prendre le dessus sur les shebab (…) Cette occasion n’a pas été saisie ». Pour motif, l’Amisom estimait manquer le soutien des forces somaliennes peu opérationnelles. Cet état des choses a laissé de vastes territoires ruraux aux mains des shebab, qui continuent d’y mener des attentats. Par ailleurs, le gouvernement estime que quelque fois, certains voisins l’utilisent pour s’ingérer dans ses affaires. Mogadiscio n’a jamais caché son souhait de récupérer au plus vite les prérogatives de sécurité sur son sol. Mais l’Amisom reste indispensable pour sécuriser des sites et axes stratégiques du pays. Néanmoins l’objectif visé en lançant cette mission il y a 15 ans en arrière n’est pas encore atteint.
Atmis pour libérer définitivement la Somalie des mains des shebab ?
L’Atmis est appelée à lutter contre les djihadistes Shebab, actifs dans ce pays de la corne de l’Afrique jusqu’au 31 décembre 2024. La Somalie est ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques, dont deux survenues très récemment au centre du pays, revendiquées par les islamistes des shebab et qui ont fait au moins 48 morts. De même, le pays est très fragilisé par une crise politique et peine même à organiser son scrutin présidentiel attendu depuis plus d’un an. En effet, pour cette mission, le mandat de l’Atmis affiche une doctrine plus offensive et fixe une échéance ; ceci pour céder la responsabilité de la sécurité du pays à l’armée et à la police somaliennes après le mandat.
Selon Richard Mills, diplomate américains, les djihadistes des Chebab « représentaient pour la Somalie et plus largement pour l’Afrique de l’Est une menace redoutable, capable de s’adapter ». Et qu’il fallait donc une force « internationale conduite par l’Afrique », comme l’Atmis, pour contrer « la plus grande et la mieux financée des filiales d’Al-Qaïda ».