Depuis plusieurs années, le phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent a pris une grande ampleur en Afrique. Face à cette situation qui constitue un énorme défi pour l’État et plonge les populations dans la psychose, les responsables de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) n’entendent plus rester insensibles. Non pas par les armes, mais à travers des réflexions nourries réunissant tous les acteurs de la société, ils s’engagent désormais avec détermination à jouer leur partition. L’acte solennel ayant marqué cette volonté accrue, est la tenue le jeudi 25 janvier 2024 au Chant d’Oiseau à Cotonou de leur première conférence trimestrielle. Pour ce premier exercice de l’année, c’est l’éminent Professeur de pratique de Relations Internationales, professeur associé au Centre d’étude sur les conflits, le Développement et le Consolidation de la Paix, et au Centre d’étude de la Gouvernance Mondiale, Delidji Éric DEGILA, qui a tenu en haleine les participants à cette spéciale rencontre.
<<La coopération régionale et les défis sécuritaires transfrontaliers en Afrique occidentale>>. C’est la thématique décryptée par l’invité de l’IAJP, le Professeur Delidji Éric DEGILA. Selon lui, plusieurs paramètres expliquent la montée en puissance du phénomène du terrorisme et de l’extrémisme violent ces dernières années dans la région ouest-africaine. Il s’agit des inégalités horizontales, l’extrême pauvreté dans un contexte de violence structurelle, la porosité des frontières, les pratiques néopatrimoniales, la mauvaise gouvernance et les corridors transnationaux de vulnérabilité.
Terrorisme et extrémisme violent, quelle nuance?
La différence majeure entre le terrorisme et l’extrémisme violent est la dimension religieuse, a fait savoir le Professeur Delidji Éric DEGILA. Mais il souligne que le point commun entre les deux concepts, est la contestation du monopole légitime de la violence que Webber définit comme étant l’exclusivité de l’État.
Regard critique sur le G5 Sahel et propositions de solutions
Au cours de cette même rencontre initiée par l’IAJP, le professeur Delidji Éric DEGILA n’a pas manqué de donner ses appréciations sur le G5 Sahel, cadre institutionnel créé par la Mauritanie, le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad pour lutter contre le terrorisme. A en croire le conférencier, une bonne lecture n’est pas faite de la situation. Car dit-il, l’usage de la force et autres moyens militaires ne suffisent pas pour régler réellement le problème du terrorisme et de l’extrémisme violent.
L’urgent pour y arriver, est de dresser ces défis autour de la notion de sécurité humaine. Le professeur Delidji Éric DEGILA a aussi insisté sur l’adoption d’une approche scalaire pour comprendre les défis sécuritaires transfrontaliers d’aujourd’hui en Afrique.
Pour finir, il a énuméré les préalables à prendre en considération pour une lutte efficace. Au nombre de ceux-ci figurent le développement d’une politique qui garantie l’emploi aux jeunes, la bonne gouvernance, l’éducation et l’implication active de la Société Civile.
Gratitudes et vibrant message de l’IAJP
Pour le premier responsable de l’IAJP, le Père Éric AGUENOUNON, cette conférence est pour lui comme << un soutien fraternel à la mission d’un frère. Comme la manifestation concrète de l’écurie de l’intelligence béninoise>>. Nous ne sommes pas un désert de compétences, a fustigé le Directeur de l’IAJP, avant d’exhorter à dorénavant tourner nos regards vers nous-mêmes.
<<Il est facile de se tourner vers la Russie, la Chine ou d’autres pays. Mais est-ce que entre États africains, nous nous entendons? Est-ce que nous nous unissons? Il est facile de libéraliser les transports, de supprimer des visas. Cela ne suffit pas. Il faut travailler pour assurer le développement intégral de l’homme>>. Et c’est justement cette mission d’inclusion que s’est assigné l’IAJP au plan de l’éducation, au plan du développement et au plan de l’esprit, pour <<déconstruire les mentalités fermées, déconstruire les non-engagements et déconstruire tout pessimisme, et donner de l’espérance, donner la joie de lutter>>.
Se référant à la citation de Victor Hugo <<la vie est un combat>>, le directeur de l’IAJP a au terme de la rencontre, invité les uns et les autres à continuer le combat de la vie dans la foi et l’espérance.
Précisons que le 15 février 2024 se tiendra un débat qui va réunir d’éminentes personnalités de la République autour du thème <<la coopération sous-régionale et les problèmes du terrorisme et d’insécurité au Bénin>>.