Réunies au Chant d’Oiseau à Cotonou, plus d’une centaine de personnes ont pris part à une conférence sociale organisée par l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP). Les assises ont eu lieu le jeudi 18 avril 2024 autour du thème « L’économie mondiale et les défis de la coopération internationale dans les pays africains ». L’orateur principal qui a tenu en haleine le public tout au long de la rencontre a nom le professeur John Igué, ancien ministre de l’Industrie et des petites et moyennes entreprises, Directeur scientifique du Laboratoire d’Analyse Régionale et d’Expertise Sociale (LARES).
« Le monde actuel est un monde incertain et celui qui paie le grand prix est l’Afrique ». C’est par cette forte déclaration que le professeur John Igué a dépeint la situation actuelle du continent noir où l’essentielle de son économie est aux mains des multinationales étrangères. Une forme de léthargie due à plusieurs causes profondes, a indiqué l’invité de l’IAJP. Il s’agit surtout de la trop grande ouverture de l’Afrique qui demeure une préoccupation cruciale et la dépendance monétaire qui inhibe les efforts de développement consentis depuis des décennies. L’autre défi jugé capital par le conférencier, est celui de la barrière linguistique qu’il va falloir lever pour prétendre au développement voulu par les africains.
A en croire le professeur John Igué, « il est impossible de faire l’endogénéité à travers la langue d’autrui ».
Le changement, un combat collectif et non solitaire
Face au triste sort que subissent les pays africains à l’instar du Bénin, le professeur John Igué n’a pas manqué de proposer des pistes de solutions pour se tirer d’affaire. Selon lui, cela passe par un combat collectif qui appelle à la convergence des forces autour des difficultés communes aux Etats pour pouvoir apporter des solutions communes.
« Ce serait prétentieux qu’un seul pays se lève et prenne le leadership de vouloir régler à lui seul les problèmes. Il ne pourra pas. Il ne faut pas croire qu’en s’enfermant sur notre territoire de 114600 km2 et sur notre 12 millions d’habitants on peut faire changer l’Afrique ».
Par la même occasion, le professeur John Igué a donné son avis sur l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui regroupe le Mali, le Burkina-Faso et le Niger. Si des voix s’élèvent pour dénoncer une certaine forme d’errance (le fait de quitter un système impérialiste pour un autre), l’ancien ministre de l’Industrie, sans faire une quelconque apologie de coup d’Etat, y voit plutôt des perspectives de solutions pour l’Afrique.
« Pour se débarrasser de son ennemi et que vous n’avez pas toutes les forces qu’il vous faut, il faut des alliances stratégiques. Sans ces alliances stratégiques l’ennemi vous aura toujours », a-t-il précisé. Toutefois, le professeur John Igué s’offusque contre les mesures restrictives de liberté prises par la junte malienne au pouvoir. « C’est une erreur de compromettre la liberté des individus ».
Appel à la solidarité africaine
Fier de l’intelligentsia béninoise qui ne cesse de dissuader à chaque fois que l’occasion se présente de ce que « le Bénin ne sera jamais un désert de compétences », le Père Eric Aguénounon, Directeur de l’IAJP a exprimé toute sa satisfaction par rapport à la qualité des débats qui ont été menés et la riche contribution de grandes personnalités telles que les professeurs Brice Sinsin, ancien Recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Théodore Holo, ancien président de la Cour Constitutionnelle et l’ancien ministre et député à l’Assemblée nationale, Lazare Sèhouéto.

Mesurant la situation critique que traverse l’Afrique, continent pourtant réputé pour ses immenses ressources naturelles, le Directeur de l’IAJP a pour sa part adressé un message d’amour qui sonne dans le fond, comme un appel à un sursaut patriotique, à une prise de conscience collective pour enfin travailler la main dans la main.
« Entre le monde comme village planétaire et les intérêts des grandes puissances, l’Afrique doit être au milieu, en se consacrant à elle-même, en s’arrimant à elle-même. Toutes les zones linguistiques doivent s’arrimer, tous les dirigeants doivent s’arrimer, toutes les richesses et toutes les forces vives doivent s’arrimer ». Il s’agit bien d’un long processus, a reconnu l’homme de Dieu qui invite à cet effet à un engagement personnel de chaque citoyen africain.
A noter que le prochain rendez-vous de l’IAJP est pour le jeudi 16 mai 2024 et sera consacré à un débat politique autour de trois panélistes à savoir les anciens ministres Lazare Sèhouéto, Ganiou Soglo et le professeur agrégé de Sciences Politiques, monsieur Maxime Hounyovi.