L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) a organisé ce jeudi 15 février 2024, un débat sous forme de panel. C’est au Chant d’Oiseau à Cotonou que les assises ont eu lieu autour du thème « La coopération sous-régionale et les problèmes du terrorisme et d’insécurité au Bénin ». Ont animé la présente rencontre qui intervient après celle tenue le jeudi 25 janvier, l’ancien ministre des Affaires étrangères et député à l’Assemblée nationale, Nassirou Arifari Bako, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur du Bénin Rogatien Biaou et Célestin Hounsou, député à l’Assemblée nationale et membre du parti d’opposition Les Démocrates.
C’est un monde impressionnant constitué d’acteurs politiques, de membres de la Société Civile et des universitaires, qui a répondu à l’appel de l’IAJP ce jeudi 15 février.
État des lieux de la coopération sous-régionale
« Dans les années 60 jusqu’aux débuts des années 70, à chaque fois que des situations de crises sécuritaire se produisaient, les positionnements n’étaient pas coordonnés. Les risques de confrontation même entre pays étaient visibles, parce qu’il n’y avait pas d’espace de solidarité sécuritaire partagé à long spectre. Donc on était dans des politiques à la petite semelle », a fait remarquer l’honorable Nassirou Arifari Bako. Mais il notifie que de l’avènement de la CEDEAO en 1975 aux années 1990, les conflits interétatiques ont été les moins visibles dans la sous-région. « La création de la CEDEAO qui s’est donnée des compétences sécuritaires, a donc permis d’organiser des formes de ripostes à temps », a souligné l’honorable Arifari Bako.
Quant à l’ancien ambassadeur et ancien ministre des Affaires étrangères, Rogatien Biaou, il y a eu beaucoup de perturbations au plan économique qui ne permettent non seulement pas un réel un renforcement de la coopération sous-régionale mais aussi ne consolident pas la solidarité entre les différents pays.
« La volonté de s’unir n’est pas ce qui fait défaut », a martelé le député du parti d’opposition Les Démocrates, Célestin Hounsou. A l’en croire, les organisations de l’espace sous-régional ne jouent plus leur crédibilité mais jouent beaucoup plus leur existence. « Aujourd’hui il y a eu du recul, il y a eu perte d’espoir par rapport à ces organisations censées régler les problèmes communs aux États membres. Aujourd’hui bon nombre de pays africains continuent toujours de respecter les anciens contrats avec le colonisateur », poursuit-il.
Retour du Mali, du Burkina et du Niger au sein de la CEDEAO : Improbable ?
La crise qui ébranle la CEDEAO depuis quelques jours après le retrait conjoint du Niger, du Mali et du Burkina Faso pour former l’AES (Alliance des États du Sahel) a été également passée en revue au cours de la rencontre organisée par l’IAJP. Sur la question, les avis ont été divergents avec quand même une petite onde de pessimisme.
Pour l’honorable Nassirou Arifari Bako, la situation appelle à manifester une certaine compréhension et de la compassion par rapport aux souffrances que ces peuples ont connu et continuent de connaître. « Dans n’importe quel pays, lorsque la vie de l’État, son existence même en tant qu’entité territoriale est menacée, il faut bien un sursaut patriotique. Il faut que l’État existe d’abord avant qu’on ne puisse appartenir à des organisations sous-régionales. Je pense que le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont à la croisée des chemins par rapport à l’existence même de leurs États ». La voie du dialogue est celle la plus indiquée, a estimé l’honorable Nassirou Arifari Bako.
Des propos qui sont par la suite renchéris par l’ancien ambassadeur Rogatien Biaou qui parle lui, d’un mauvais départ de la CEDEAO avec le sentiment d’une forte ingérence dans les affaires de ces pays qui ont connu des coups d’État. « Ces pays sont souverains et la CEDEAO n’avait pas à fixer le délai de la transition », a-t-il conclu.
L’honorable Célestin Hounsou a parlé plutôt « d’une cause idéologique qui sous-tend les coups d’État aujourd’hui ». Fort de cela, le retour à la CEDEAO lui paraît hypothétique mais il n’omet pas le fait que ces pays peuvent toutefois entretenir des relations avec les organisations sous-régionales.
Objectif atteint pour l’IAJP
« Le fruit a été très bon », s’est réjoui le Père Éric AGUENOUNON, Directeur de l’IAJP. Occasion pour lui de saluer les panélistes pour leur riche apport. Aussi se dit-il très heureux de la présence des Démocrates à l’Assemblée nationale qui honore le Bénin et donne de la vitalité à sa démocratie. L’IAJP a joué en son temps sa partition dans cette veine en formulant des plaidoyers et en organisant des rencontres. Un sacrifice qui a fini par payer avec des élections législatives inclusives du 8 janvier 2023 pour le grand bonheur de tout le peuple. Le premier responsable de l’IAJP a pour finir, rappeler le rôle combien important dans la cité.
« L’Église n’est pas actrice politique dans le fait, dans l’action. L’Église n’a pas la décision, ne tient pas le gouvernail. Mais l’Église, en rassemblant les acteurs leur donne la parole pour qu’ils se réunissent, et que l’Église soit simplement dans la société l’institution qui montre la voie, qui montre le chemin en touchant les cœurs et les consciences>>.
A noter que le 21 mars 2024 se tiendra un cercle de réflexions autour de la même thématique, objet du débat de ce jeudi 15 février 2024.