La cérémonie du lancement officiel du Baromètre des Médias Africains (BMA) du Bénin 2021 a eu lieu hier jeudi sur le campus d’Abomey-Calavi. C’était en présence d’importantes personnalités du secteur des médias, des acteurs de la société civile et des étudiants de l’Ecole Nationale des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (ENSTIC). En effet, le Baromètre des Médias Africains est un exercice d’analyse qui permet d’évaluer la situation des médias d’un pays tout en servant d’instrument de lobbying pratique pour les réformes dans le secteur des médias. Mis en place par la fondation Friedrich Ebert Stiftung et l’Institut des Médias d’Afrique Australe depuis 2004, le baromètre a déjà évalué au moins une fois, trente-et-un pays africains. Au Bénin, les travaux du panel ont eu lieu à Dassa-Zoumè du 27 au 29 aout 2021.
A l’occasion, le résumé du rapport présenté par Dorice Djèton, l’une des panelistes, prend en compte quatre secteurs que sont : la protection et la promotion de la liberté d’expression et des médias, la diversité et l’indépendance des médias, la transparence et l’indépendance dans la régulation de la communication audiovisuelle et l’exercice de normes professionnelles élevées.
Ainsi, selon le rapport, la liberté d’expression est garantie par la constitution du Bénin en ses articles 23 et 24. Aussi, existe-t-il de façon légale au Bénin « 72 quotidiens d’informations, huit hebdomadaires et quatre bihebdomadaires, plus de 90 stations de radio et une quinzaine de chaines de télévision dont des web télévisions et des sites web d’information ». Par ailleurs, l’absence d’aide d’Etat aux médias privés depuis plus de cinq ans, l’absence d’une pratique assidue du journalisme d’investigation, le traitement assez déséquilibré de l’information avec une violation flagrante des règles d’éthique sont autant d’insuffisances relevées par le panel. Un zoom a été également fait sur les salaires et les conditions générales de travail précaires des journalistes et l’absence des femmes à des postes de responsabilité dans le secteur.
Au terme de cette présentation du rapport dont les conclusions sont éditées dans un document bilingue de 60 pages, place au débat. A cet effet, intitulé « La viabilité des médias numériques au Bénin », les échanges ont mobilisé différents acteurs des médias tels que Pesce Hounyo, Manager de Reporter Bénin Monde ; Dr. Marius Dossou-Yovo, Expert en Droit du Cyberespace, ancien Secrétaire général adjoint de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) ; Jean-Claude Dossa, Secrétaire général de l’Union des professionnels des médias du Bénin (Upmb) ; Paul Arnaud Déguénon, Directeur général de Bénin Web TV.
Modéré par le journaliste Vincent Agué, ledit débat portait essentiellement sur une préoccupation majeure : quel est le cadre juridique dans lequel évoluent les médias en ligne au Bénin ? Ainsi, de leurs discussions, il en résulte que la viabilité des médias numériques n’est pas assurée au Bénin. Et pour raison, la multiplicité des médias numériques sans aucune étude de marché, le cadre légal jugé trop liberticide, l’environnement juridique non sécurisant, le modèle économique non adéquat…
En termes de perspectives, il est recommandé l’unité d’action des médias numériques en vue de la défense de leurs causes. C’est donc conseillé la mutualisation des ressources en vue de constituer de puissants groupes dans le secteur.
Dr Iris Nothofer, représentante résidente de la fondation Friedrich Ebert au Bénin, n’a pas manqué pour sa part de saluer les efforts des experts qui ont travaillé à l’élaboration dudit rapport.