Médecin Sans Frontière (MSF) a annoncé le mardi 05 avril 2022, la suspension de ses activités humanitaires dans une zone anglophone du Cameroun. Cette décision est survenue après l’arrestation et la détention de quatre de ses employés locaux accusés de « complicité » avec des rebelles.
L’ONG internationale de secours arrête ses opérations dans le Sud-Ouest du Cameroun, une zone en proie à des conflits séparatistes. « MSF a officiellement annoncé aujourd’hui la suspension de ses activités humanitaires dans la région du Sud-Ouest du Cameroun trois mois après l’arrestation et la détention de quatre membres de son personnel, en lien avec l’action médicale de l’organisation » écrit l’ONG dans un communiqué. Les employés détenus sont tous camerounais. Parmi eux, une infirmière de 33 ans et un chauffeur de 41 ans. En effet, l’organisation a souligné avoir cessé ses activités depuis le 29 mars, afin de se consacrer à l’obtention d’une libération en toute sécurité de ses collaborateurs. Selon le responsable de la Communication pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest pour MSF, c‘est la première fois que l’ONG évoque publiquement ces arrestations.
Un sacerdoce à grands risques dans cette région du Cameroun
La mission de cette ONG est quelques fois difficile d’accomplissement. Il faut œuvrer pour sauver des vies et dans le même temps lutter pour sa propre survie. Le responsable des programmes de MSF en Afrique centrale, Sylvain Groulx, cité dans le communiqué explique : « Nous nous trouvons dans une position intenable: d’un côté, nous fournissons une assistance médicale requise; de l’autre, les personnes qui fournissent cette assistance courent le risque d’être poursuivies dans le cadre de leurs activités médicales ». Il ajoute « Nous avons besoin que des conditions préalables soient en place pour nous permettre de mener nos activités dans un environnement sûr et sécurisé, et pouvoir ainsi remplir nos obligations vis-à-vis des patients». Ces employés sont détenus au chef-lieu du Sud-ouest à Buea pour « enquête pour complicité de sécessionnisme ».
La réaction du gouvernement camerounais attendue
Le gouvernement camerounais ne s’est pas encore prononcé sur la suspension des opérations de MSF. Par ailleurs, en fin de l’année 2020, il avait déjà arrêté les activités de l’ONG dans la deuxième région anglophone du pays au Nord-Ouest, accusant l’équipe médicale de « collusion » et de « complicité » avec les groupes armés séparatistes. Dans ces deux régions, où vit l’essentiel de la minorité anglophone d’un pays majoritairement francophone dirigé depuis près de 40 ans par Paul Biya, l’armée et des groupes séparatistes s’affrontent quasi quotidiennement depuis cinq ans. De nombreux civils sont victimes d’exactions selon MSF et l’ONU. Ces conflits auraient fait plus de 6 000 morts et forcé plus d’un million de personnes à fuir leur domicile. Médecin Sans Frontière dans le souci de continuer à porter assistance aux victimes des affrontements, reste ouvert au dialogue avec les autorités camerounaises en vue de la reprise de ses activités.