La junte militaire au pouvoir au Burkina Faso a annoncé ce lundi 27 mars, avoir suspendu la diffusion des programmes de la chaine d’information France 24 sur l’ensemble du territoire burkinabè. Au motif les autorités ont avancé que France 24 a accordée une interview, il y a deux semaines, au premier responsable du groupe terroriste AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).
« En ouvrant ses antennes au premier responsable d’AQMI, France 24 ne fait pas seulement office d’agence de communication pour ces terroristes, pire il offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine véhiculés pour assouvir les visées maléfiques de cette organisation sur le Burkina Faso », a indiqué ce lundi, le porte-parole du gouvernement burkinabè, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, dans un communiqué.
En effet, le 6 mars dernier, France 24 avait diffusé des réponses écrites à quelques dix-sept questions posées à Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef du groupe terroriste Aqmi. Apparemment, cet état de chose n’est pas du goût des autorités burkinabè.
« Le Gouvernement se désole de voir que le chef d’une organisation terroriste comme AQMI et reconnue comme telle par l’ensemble de la communauté internationale, puisse bénéficier des largesses éditoriales de France 24 pour s’exprimer longuement sur les antennes de la chaine. Cette organisation est-il besoin de le rappeler, adepte d’un terrorisme djihadiste est l’auteur de crimes odieux qui choquent la conscience humaine et qui ont fait des milliers de victimes à travers le monde », stipule le communiqué.
« Dans la bande sahélo-saharienne et singulièrement au Burkina Faso, la violence aveugle et la barbarie terroriste contre les paisibles populations est principalement alimentée par cette organisation qui nourrit des desseins funestes pour notre pays et notre peuple que le Gouvernement a la responsabilité de protéger », ajoute le texte.
En conséquence, « le gouvernement a donc décidé en toute responsabilité, et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, de la suspension sine die de la diffusion des programmes de France 24 sur l’ensemble du territoire national », a poursuivi M. Ouédraogo.
« Dans le noble combat engagé pour libérer notre pays de la barbarie des hordes terroristes et des bandits armés, le gouvernement prévient qu’il demeurera intransigeant dans la défense des intérêts vitaux de notre peuple contre tous ceux qui joueraient les mégaphones dans l’amplification des actions terroristes et des discours de haine et de division véhiculés par ces groupes armés », a conclu le ministre de la Communication.
A noter que cette suspension intervient dans un contexte de vives tensions entre Paris et Ouagadougou. Des divergences qui ont amené le gouvernement burkinabè à exiger le départ de l’armée française et de tous les coopérants militaires présents dans l’administration militaire burkinabè.
Par ailleurs, en décembre 2022, les autorités burkinabè avaient suspendu la diffusion des programmes de RFI sur l’ensemble du territoire. La Radio France Internationale était notamment accusée d’avoir relayé « un message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste ».
Comme signe annonciateur de cette suspension, le 8 février 2023, le Conseil supérieur de la Communication a mis en demeure la télévision France 24, pour avoir attribué injustement au gouvernement burkinabè, le terme «rebelles islamiques», en lieu et place de groupes armés terroristes dans l’affaire d’enlèvement d’un groupe de femmes dans le Nord du pays.
Faut-il le remarquer, RFI et France 24 sont également suspendues au Mali, autre pays gouverné par une junte militaire, depuis un an.