Le président de la Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya a ordonné aux compagnies minières étrangères de soumettre des propositions et un calendrier pour la construction de raffineries de bauxite dans le pays. Ainsi, à travers la vidéo d’une rencontre en date du 8 avril 2022 avec les représentants des entreprises, publiée sur la page Facebook du gouvernement, le Colonel au pouvoir impose aux compagnies de transformer sur place le minerai bauxite.
Elles ont jusqu’à la fin du mois de mai pour présenter à la junte au pouvoir, des propositions et un calendrier pour la construction de raffineries de bauxite en Guinée. En effet, estimé à 7,4 milliards de tonnes, la Guinée possède les plus importantes réserves mondiales de bauxite, minerai entrant dans la fabrication de l’aluminium, essentiel par exemple dans les industries automobile ou alimentaire. Ce pays, siège de la bauxite est également le deuxième producteur au monde. Et même la géante Chine importe de la Guinée environ la moitié de ses besoins en bauxite.
La transformation sur place de la bauxite « devient incontournable, c’est un impératif et sans délais »
Avant fin mai, « je vous demande de revenir auprès du ministre des mines et de la géologie avec des propositions, un projet, un chronogramme précis de construction de raffineries d’alumine en République de Guinée »a déclaré le président Mamadi Doumbouya. Il a insisté que toutes les matières premières entrant dans la fabrication devront également être produites sur place. De même, les compagnies qui enfreindraient les délais de construction de raffineries seraient sanctionnées de pénalités, a-t-il prévenu.
Un engagement non-tenu
Devant les représentants des compagnies, le président a rappelé à ces derniers qu’ils s’étaient engagés depuis de nombreuses années à construire des raffineries dans le pays. Mais aucune des compagnies n’a tenu son engagement. En effet, pour continuer à exploiter les mines du pays, ces entreprises devront proposer au gouvernement un calendrier de construction d’infrastructures de transformation et ceci dans un délai bien défini. Tout retard entraînerait des sanctions. Le mois dernier, les autorités guinéennes avaient fait cesser l’activité autour du gisement de fer de Simandou afin de faire respecter les intérêts nationaux. Depuis, un accord de 15 milliards de dollars a été conclu entre la Guinée et les entreprises étrangères.
En effet, les compagnies opérantes actuellement dans ce secteur dans le pays sont : la Société minière de Boké (SMB, consortium formé par l’armateur singapourien Winning Shipping, le producteur chinois d’aluminium Shandong Weiqiao, le groupe Yantaï Port), la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG, détenu à 49% par l’État guinéen et à 51% par Halco Mining Inc, un consortium formé par l’Américain Alcoa, l’Anglo-Australien Rio Tinto-Alcan et Dadco Investments) et la compagnie russe Rusal.
Un sous-sol riche, qui ne profite pas assez au pays
Devant les industriels, le président n’a pas manqué de notifier que les ressources exploitées ne profitent qu’aux compagnies. Sans langue de bois, il affirme qu’« En dépit du boom minier du secteur bauxitique, force est de constater que les revenus escomptés sont en-deçà des attentes, vous et nous ne pouvons plus continuer à ce jeu de dupes qui perpétue une grande inégalité dans nos relations ». Avec une population de 13,1 millions d’habitants et un PIB de 15,4 Mds USD en 2020, la Guinée se situe au bas du classement IDH, occupant le 178ème rang sur 189 pays en 2019. Selon les autorités, un peu moins de la moitié des Guinéens (44%) vivraient en dessous du seuil national de pauvreté qui est estimé à 13 717 GNF/personne/jour (1,1 EUR) en 2019.