Le groupe de la Banque Mondiale a suspendu « jusqu’à nouvel ordre », le cadre de partenariat avec la Tunisie, des suites des propos et attaques visant les migrants subsahariens dans le pays. Ledit cadre de partenariat devrait servir de base pour obtenir des prêts et des financements d’un montant total de 520 millions de dollars auprès de l’institution.
Dans un courrier adressé à ses équipes ce lundi 06 mars, par le président de la Banque Mondiale, David Malpass, l’institution estime qu’elle n’est plus en mesure de poursuivre ses missions sur place «compte tenu de la situation». En effet, ce courrier fait suite aux « récents événements en Tunisie qui préoccupent profondément le Groupe de la Banque mondiale et son personnel ». Il s’agit en fait des déclarations du président tunisien le 21 février dernier qui évoquent des « hordes de migrants clandestins » dont la venue relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Ces propos ont provoqué un tollé de réactions non seulement au sein de la société civile tunisienne mais aussi à la communauté internationale et au sein de l’union africaine.
Ainsi, pour le président de la BM « la sécurité et l’inclusion des migrants et minorités font partie des valeurs centrales d’inclusion, de respect et d’anti-racisme de la BM ». Toutefois l’institution dit poursuivre « le dialogue et le contact avec les autorités tunisiennes ». Cependant, elle prévient d’un possible ralentissement de ses actions sur place à cause de la mise en place de mesures de sécurité, en particulier auprès de ses personnels originaires d’Afrique subsaharienne et de leurs familles.
La BM a en outre rassuré que si les mesures prises par le gouvernement tunisien « afin de protéger et soutenir les migrants et réfugiés dans cette situation très difficile » vont dans « le bon sens », la Banque mondiale assure qu’elle « évaluera et surveillera attentivement leur impact ».
La Tunisie est par ailleurs endettée à 80% de son PIB à cause notamment du poids de sa fonction publique (plus de 650 000 salariés), rapporte Africanews. La crise économique n’a cessé de s’aggraver. Les pénuries de produits de première nécessité se sont multipliées et l’inflation a dépassé les 10 %. Face à cette situation, le pays qui cherche à regagner la confiance de ses bailleurs de fonds internationaux, négocie une aide auprès du FMI de près de 2 milliards de dollars. A noter que le 8 février dernier, la BM a approuvé un prêt de 120 millions de dollars pour soutenir l’accès au financement des PME. Et le 15 février, le gouvernement a annoncé que la BM envisage de lui accorder un prêt de 400 millions de dollars pour financer des réformes à dimension sociale.