Chaque année, plusieurs catégories de concours de beauté voient défiler différentes miss sur les podiums. Parmi eux, certains sont organisés pour valoriser la beauté de la femme au naturel. Un geste à encourager dans un contexte où les valeurs africaines sont en voie de perdition.
Un nouveau type de concours de beauté s’affiche au Bénin et se veut être un espace de valorisation de la beauté de la femme africaine au naturel : Miss crépue Bénin. C’est en effet un concours de beauté à l’instar de tous les autres concours mais qui a la particularité de mettre en valeur la femme africaine à l’état originale. Initié par le couple Gbessovi, l’évènement a déjà bouclé sa quatrième édition et se réclame être un creuset de sensibilisation sur l’utilisation des cosmétiques chimiques et de promotion des cheveux naturels. « Je suis dans ce projet avec mon épouse Fleurette d’Almeida qui conçoit et vend des produits naturels pour le soin de la peau et du cheveu. » a affirmé Gaël Gbessovi, président du comité d’organisation. Les critères de cheveux et de peaux naturels entrent donc en jeu dans une société où tout ce qui vient de l’extérieur est considéré comme meilleur. Par conséquent, ledit concours vise essentiellement à lutter contre la dépigmentation et à promouvoir les cheveux naturels africains sans défrisants. « La vraie beauté n’est pas forcément celle qui est artificielle, elle vient avant tout de soi-même, de ce qu’on a à proposer. » a laissé entendre le promoteur. Au demeurant, si dans un passé lointain, on reconnaît la femme africaine par rapport à son teint et ses cheveux naturels, les tendances ont par contre carrément changé de nos jours. Les valeurs intrinsèques africaines sont alors en voie de perdition et une prise de conscience s’avère nécessaire pour amener la femme africaine à s’accepter, à aimer son état naturel. « J’exhorte toutes les jeunes femmes à s’accepter telles qu’elles sont, à s’aimer telles qu’elles sont » confie Gaël Gbessovi. Par ailleurs, après quatre éditions, l’initiative semble tenir la promesse des fleurs et les organisateurs se réjouissent déjà des résultats visibles obtenus dans la société. « C’est vrai qu’il y en a encore qui s’adonne à la chose mais je suis très heureux de voir les jeunes filles aujourd’hui avec leur cheveu et leur peau naturel sans complexe » constate-t-il .
En outre, pour avoir été l’heureuse élue de la quatrième édition de miss crépue Bénin, Cynthia Ahlin, étudiante en fin de formation de licence en comptabilité audit et contrôle de gestion se dit fière de remporter la couronne d’un concours d’une telle envergure. « C’est une fierté pour moi de porter la couronne de miss crépue 2021, de valoriser le naturel autour de moi » s’exclame-t-elle. Femme au teint noir avec des cheveux naturels à l’allure des amazones de l’ancien Dahomey, elle compte impacter un plus grand nombre de femmes en organisant des formations allant des séances de sensibilisation avec les dermatologues sur les méfaits de la dépigmentation à la formation pour concevoir soi-même ses produits afin de maintenir ses cheveux naturels. Et puisque la démarche vise à redonner à la femme africaine sa beauté à l’état naturel, Miss crépue Bénin pourrait donc bientôt devenir miss crépue Afrique dans la mesure où l’initiative pourrait être étendue à tous les pays africains pour une valorisation commune de nos us et coutumes et par conséquent une affirmation de notre identité. « A la longue nous comptons élargir le concours à tous les pays africains. Nous sommes en contact avec les différents organisateurs du même type de concours et nous pensons mettre en place un concours panafricain » conclut le président du comité d’organisation Gaël Gbessovi. L’appel est alors lancé à l’endroit de toutes les femmes africaines aux cheveux crépus et prête à s’assumer en public.
Eliane FATCHINA