La tension ne cesse de monter entre le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC). Principalement, cela s’explique par les attaques des rebelles rwandais « Mouvement du 23 mars » (M23) dans la région Est de la RDC. Dans la foulée, les deux pays s’accusent mutuellement et l’on se demande si l’Afrique de l’Est allait une fois encore assister aux évènements de génocide des années 1994.
Comme un films d’horreur, les sentiments de haine et d’affrontement semblent refaire de plus en plus surface dans l’Est de l’Afrique. En effet, selon le bilan fait par le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, environ 75 000 personnes ont été obligées de se déplacer en interne de la RDC, et 11 557 autres personnes réfugiées en Ouganda depuis le début des affrontements en Novembre 2021. A combien monteront les statistiques si les violences ne s’arrêtent pas ? Ces tensions entre les deux pays qui durent déjà plusieurs semaines, suscitent de nombreuses réactions et font craindre une des tueries en masse dans la région.
Vers une rupture diplomatique ?
Le 15 juin dernier, le Conseil supérieur de la défense congolais s’est réuni sous la présidence du chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi. Au menu, la situation sécuritaire dans l’Est du pays. D’importantes décisions ont été annoncées, concernant principalement les relations avec le Rwanda accusé de soutenir le M23. Entre autres mesures, il s’agit de la suspension, selon Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de tous les accords et pré-accords signés avec l’État rwandais. Kigali est également appelé à retirer ses troupes du territoire congolais. Bien plus, il ajoute que de nombreux combattants du M23 appartiendraient à l’ethnie tutsie, la même que celle du président rwandais Paul Kagamé.
Depuis le début de l’histoire, Kigali a rejeté d’emblée les chefs d’accusation avant d’affirmer par le biais de son ministre des Affaires étrangères, Vincent Biruta que le Rwanda “ripostera” en cas d’attaque sur son territoire à partir de la République démocratique du Congo. À Kinshasa, où une manifestation avait déjà eu lieu lundi dernier, les manifestants, encadrés par la police, se sont rassemblés devant l’ambassade du Rwanda criant « Que les Rwandais retournent chez eux ».
Les appels à la paix ne cessent de se multiplier
Les organisations africaines et internationales se disent préoccuper par la question. Selon Jakob Kerstan, représentant en RDC de la Fondation Konrad Adenauer, il est important de continuer à rechercher un consensus de paix. « Au niveau de la fondation Konrad Adenauer, nous restons convaincus que le dialogue que promettent les chefs d’Etat de la région reste une des pistes privilégiées pour la paix. Les jeunes de la région doivent prendre conscience de leur rôle dans ce processus et s’y mettre rapidement » souligne M. Kerstan. La Monusco, la mission des Nations unies pour la stabilisation de la RDC a réitéré son appel à la cessation des hostilités dans l’est de la RDC. Elle invite également les différents acteurs à la compassion pour que cessent les massacres des civils.
La porte-parole adjointe de la Monusco, Ndeye Khady Lo, rappelle que les casques bleus vont continuer à appuyer l’armée congolaise. « La Monusco apporte aux forces armées de la République démocratique du Congo un soutien constant et global qui prend plusieurs formes : les renseignements, la logistique avec du ravitaillement et du soutien santé ». Elle ajoute que ce soutien aux forces armées de la République démocratique du Congo contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC est multiforme. Nos casques bleus sont disposés à continuer cet appui conformément à leurs mandats »
Le président en exercice de L’UA a déclaré aussi préoccupé par la tension à l’Est de la RDC et « appelle les deux pays au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union africaine ». Vivement que les groupes en conflit se comprennent pour le retour de la paix en Afrique de l’Est.
Retour sur quelques raisons
Visiblement, ce dernier pic de tension est dû aux allégations selon lesquelles le Rwanda soutiendrait les rebelles du M23. En effet, il faut également noter que pour une superficie de 2 345 000 km2, environ la taille de l’Europe occidentale, la république Démocratique du Congo est le pays le plus vaste de l’Afrique Sub-saharienne. Les institutions nationales, les instances de prise de décision, sont basées à Kinshasa donc, les groupes armés profitent de cette absence étatique dans ces zones pour s’imposer dans la région. L’autre cause majeure, c’est l’exploitation et le trafic illégal des matières minéralières.
Des citoyens congolais et des chercheurs auraient soupçonner le Rwanda d’encourager l’instabilité dans cette zone géographique pour affaiblir la capacité du gouvernement congolais à y contrôler le trafic des ressources naturelles (minerais, faune et flore).
Il faut rappeler que la RDC est l’un des pays les plus riches du monde en sous-sol et que le Rwanda dispose de l’une des armées les plus performantes en Afrique.