Doté six pays africains de laboratoires compétents pour la production de vaccins anti-covid et de bien d’autres maladies encore, c’est l’une des grandes résolutions issues du sommet UE-UA tenu à Bruxelles les 17 et 18 février dernier.
L’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie. Ce sont les six pays africains choisis par l’Organisation mondiale de la santé pour produire des vaccins anti-covid sur le continent. En effet, l’Afrique a souffert d’un manque crucial de vaccins face à la pandémie du coronavirus. Pour corriger cet état de chose, l’agence onusienne a sélectionné ces pays pour héberger leur propre unité de production de vaccin non seulement anti-covid mais d’autres maladies encore.
« La pandémie de Covid-19 a montré, mieux que n’importe quel autre événement, que s’en remettre à une poignée d’entreprises pour fournir des biens publics mondiaux est restrictif et dangereux », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Une initiative qui vise donc à assurer une autonomisation des pays d’Afrique en matière d’accès aux soins de qualité. « La meilleure façon de faire face aux urgences sanitaires et de parvenir à une couverture sanitaire universelle est d’accroître considérablement la capacité de toutes les régions à produire les produits de santé dont elles ont besoin », a-t-il ajouté.
Une mesure qui réjouit les cœurs
De toute évidence, l’initiative de l’OMS a de quoi réjouir les cœurs quand on sait qu’actuellement, 1% seulement des vaccins utilisés en Afrique sont produits sur ce continent de quelque 1,3 milliard d’habitants. Alors qu’en 2021, l’OMS a soutenu un laboratoire de technologie ARNm en Afrique du Sud pour aider les fabricants des pays à revenus faibles ou intermédiaires à produire leurs propres vaccins. Les présidents sud-africains, sénégalais et kényan n’ont d’ailleurs pas manqué de manifester leur allégresse face à cette majeure avancée qualifiant l’évènement d’historique.
Par ailleurs, ces nouvelles unités, destinées tout d’abord à produire des vaccins anti-covid, pourront produire d’autres vaccins et traitements, tels que l’insuline, des médicaments anti-cancer, et, éventuellement, des vaccins contre le paludisme, la tuberculose et le VIH.
Une révolution avec une restriction
Cependant une importante restriction s’applique à cette ingénieuse idée de production de vaccins en Afrique. Il s’agit de la levée des brevets. Une épineuse question sur laquelle les dirigeants des deux continents ne se sont point accordés. On retient alors que oui, les six pays africains sélectionnés, vont produire des vaccins mais ces unités de productions pharmaceutiques locales resteront toujours dépendantes de celles européennes ; protection de la propriété intellectuelle oblige.
Une compétence requise pour produire des vaccins à l’ARN à grande échelle
L’Organisation Mondiale de la Santé s’est engagée, comme il est de son devoir, à accompagner les six pays choisis pour élaborer un plan d’action en matière de formation et de soutien afin qu’ils puissent commencer à produire des vaccins le plus rapidement possible. A cet effet, les séances de formation doivent commencer en mars. L’agence onusienne de la santé veut s’assurer que les fabricants ces pays disposent du savoir-faire nécessaire pour produire ces vaccins à ARNm, technologie utilisée par les laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna. La France, l’Allemagne, la Belgique avec la Commission européenne, se sont quant à eux, engagés à investir 40 millions d’euros pour aider au transfert technologique.
Faut-il le notifier, le centre sud-africain produit déjà des vaccins ARNm en laboratoire et est en train de passer à l’échelle commerciale. Pour rappel, l’accès des pays africains aux vaccins en période de crise de covid laisse à désirer, créant donc des inégalités dans le monde entre pays riches et pays pauvres. C’est pourquoi, sur plus de 10,4 milliards de doses de vaccin anti-Covid administrées dans le monde, seuls 11,3% des Africains avaient été complètement vaccinés au début du mois de février. Alors que près de 62% de la population mondiale a reçu au moins une injection.