Premier producteur et exportateur mondial de noix de cajou brute, la Côte d’Ivoire évolue en grade dans la transformation de la noix en amande. Le pays est en effet passé devant le Brésil et devient ainsi le 3è transformateur mondial de la filière anacarde après le Vietnam et l’Inde.
« Notre pays est devenu le 1er pays transformateur de noix de cajou en Afrique, et le 3e dans le monde en 2021 avec 136 854 tonnes réalisées, tout en maintenant sa place de leader mondial au niveau de la production et de l’exportation de la noix de cajou avec 805 748 tonnes exportées. » a indiqué le gouvernement ivoirien dans le communiqué du conseil des ministres de ce mercredi 26 janvier 2022.
Cet excellent record de la transformation est intervenu suite à une période de récolte historique du fruit à coque. En effet, malgré le contexte de la Covid-19, les dispositions mises en œuvre en 2021 ont permis d’enregistrer des résultats probants marqués par le respect des prix. Ainsi, les revenus des producteurs, en hausse de plus de 14%, sont passés de 297 milliards en 2020 à 339 milliards de Francs CFA en 2021.
Bien évidemment, cette performance a de quoi réjouir le gouvernement ivoirien dans sa politique de renforcer les acteurs du secteur avec l’amélioration des pratiques agricoles. Cependant d’importants défis sont encore à relever afin d’asseoir une industrie portée par les opérateurs locaux.
Ainsi, face au manque de financement adapté à leurs besoins, ces opérateurs sont fragilisés face à la concurrence des pays asiatiques.
En outre, si tant est que le pays nourrit l’ambition d’une transformation de 50 % de sa récolte à l’horizon 2025, une consolidation du soutien des pouvoirs publics s’impose.
Le 4 février prochain s’ouvre la campagne 2022 sur la base d’un prix minimum de 305 Fcfa/kg. A noter que ce tarif est le même que celui de l’année dernière. Par contre, le gouvernement a annoncé pour cette nouvelle année, un objectif de production de 1,04 million de tonnes de noix d’anacarde. Et le Conseil coton-anacarde (CCA) envisage transformer environ 30 % de la récolte, soit 300 000 tonnes de noix de cajou.
Pour rappel, la filière anacarde occupe environ 400 000 producteurs. Elle représente la 3ème filière du secteur agricole derrière le cacao et le caoutchouc naturel.
Une filière croissante dans le temps

Introduite dans les années 60 sur le continent africain pour lutter contre la désertification et l’érosion des sols, l’anacarde résiste à des conditions climatiques extrêmes. Durant les années 1970, la Côte d’Ivoire produisait environ 300 tonnes de noix de cajou par an, un volume qui stagnera pendant plusieurs décennies avant de prendre un tout nouvel envol au début des années 2000. En 2002, la production annuelle a évolué à un rythme ascendant et a franchi la barre des 1000 tonnes grâce à une demande exponentielle du Vietnam et de l’Inde qui importent à eux-seuls, plus de la moitié de la production ivoirienne. Depuis 2015, le leader mondial du cacao est aussi devenu le premier fournisseur mondial de noix de cajou.
Le défi de la transformation
Cependant, malgré la forte demande sur le marché international, les conditions de vie des producteurs ivoiriens ou africains n’ont pas pour autant changé. Cet état de chose est dû au fait que, faute de transformation, la Côte d’Ivoire a exporté pendant trop longtemps, un produit à faible valeur ajoutée. Alors que la transformation au niveau local aurait pu contribuer à booster l’économie du pays. C’est la raison pour laquelle, le gouvernement ivoirien, conformément à sa politique agro-industrielle reposant sur la transformation des productions locales, multiplie les incitations fiscales pour accompagner la structuration de la filière de l’anacarde.
En 2020, la production brute de cajou a atteint pour la première fois le million de tonnes – contre 850 000 en 2019 – selon les chiffres officiels. Mais seuls 10% de cette production ont été transformés sur place.
La noix de cajou brute est aujourd’hui essentiellement exportée vers l’Inde, le Vietnam et le Brésil qui abritent des industries de transformation.
Alors que la production nationale vient de franchir le million de tonnes, il s’agit aujourd’hui de capitaliser cet acquis par sa transformation et son conditionnement.
Avec ce record, la Côte d’Ivoire prend son envol et s’intègre dans les chaines de valeurs mondiales. Même si le pays est encore loin derrière le Vietnam et l’Inde, son positionnement sur le marché mondial est déjà un atout majeur surtout avec la diversification de ses débouchés d’exportation.