Ouvert ce jeudi 16 mars au tribunal de Dakar, le procès pour « diffamation » opposant le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko, le leader de Pastef, a été renvoyé au 30 mars 2023.
Le jugement de Ousmane Sonko, poursuivi pour « diffamation, injure publique, faux et usage de faux » qui avait été renvoyé d’abord au 16 février, ensuite au 16 mars 2023, a été de nouveau renvoyé au 30 mars prochain. Et ce, à la demande des avocats de la défense après que l’un d’eux et M. Sonko lui-même ont ressenti un malaise. En effet, suite à une divergence sur l’itinéraire que devait emprunter le cortège de M. Sonko ce jeudi, des échauffourées ont éclaté entre les forces de l’ordre et les partisans de l’opposant. C’est à ce moment précis que Me Ciré Clédor Ly, un des avocats de Ousmane Sonko, et le concerné lui-même, ont inhalé des gaz lacrymogènes. Ainsi, Me Clédor a été évacué par un véhicule du SAMU et Ousmane Sonko a lui aussi été emmené à l’infirmerie du Palais de justice pour consultation.
Ses avocats ont de ce fait, demandé le renvoi de l’audience, arguant que leur client n’était pas en état de comparaître pour avoir été « brutalisé » par les forces de l’ordre qui le conduisaient au tribunal. « Il a été littéralement tabassé par les forces de l’ordre. Ils l’ont mis de force dans le véhicule de la Brigade de la police polyvalente. C’est inadmissible ce qui se passe et nous n’acceptons pas la présence des forces de l’ordre. Vous serez complices de forfaiture, parce que Ousmane Sonko doit être suivi par un médecin après ce qui s’est passé. Nous nous opposons à la tenue de l’audience », a affirmé Me Ousseynou Fall, un de ses conseils, rapporté par APS.
Procès pour « diffamation »
A l’origine de ce jugement, le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang, reproche à Ousmane Sonko d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’IGE (Inspection générale d’Etat) pour sa gestion d’un fonds de 29 milliards de francs CFA du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC).
Appelé à la barre, Mame Mbaye Niang a déclaré : « Je crois à la Constitution. Si je suis venu ici, c’est parce que Sonko a déclaré partout qu’il détient un rapport qui me mouille. C’est la troisième fois que je viens ici pour obtenir justice. Depuis 4 mois, on me diffame ».
Mais Ousmane Sonko n’était plus dans la salle d’audience. Après plusieurs minutes de débats, le juge a décidé de renvoyer l’affaire au 30 mars.
A noter que l’audience s’est déroulée dans une atmosphère très tendue. Toute la journée, des scènes de violences ont éclaté dans plusieurs endroits de Dakar entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre, avec gaz lacrymogènes, jets de pierre, bus brûlés.
Appels à manifester
Depuis mardi dernier, l’opposition sénégalaise avait appelé ses partisans à des manifestations et des marches, mardi, mercredi et jeudi. Plusieurs milliers de manifestants avaient ainsi réussi une démonstration de force au terrain Acapes des Parcelles Assainies, à Dakar, le mardi 14 mars. Mais au deuxième jour (mercredi), la marche était interdite à Dakar par le Préfet pour « menaces de troubles à l’ordre public et itinéraire en chantier». Les militants n’ont pu manifester que dans les autres départements du pays. Ils dénoncent entre autres, « les arrestations et détentions arbitraires », et « l’instrumentalisation de la justice ».
Ousmane Sonko dont le domicile a été encadré par un imposant dispositif de sécurité depuis ce mercredi, est sous contrôle judiciaire depuis deux ans pour une affaire de viol présumé. Ledit procès a été renvoyé devant une chambre criminelle, mais sa date n’a pas encore été fixée.