Après la conférence sociale du mois d’avril animée par le Professeur John Igué, les responsables de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) ont organisé le jeudi 16 mai 2024 un débat sous forme de panel. Autour de la table, d’éminentes figures du monde politique et universitaire. Il s’agit de Maxime Jean-Claude Hounyovi, professeur agrégé en Sciences de Gestion à l’Université d’Abomey-Calavi, Ganiou Soglo, Économiste-Financier, ancien ministre et ancien député et Lazare Sèhouéto, ancien ministre et député à l’Assemblée nationale 9e législature. Au cours de cette rencontre à laquelle a pris part un important public, les invités de l’IAJP, dans un franc-parler, ont révélé les limites de l’Afrique en matière de coopération internationale, sa santé du point de vue économique et les défis à relever pour rendre compétitif le continent noir sur la scène mondiale.
Pour le deuxième débat du second semestre de l’année 2024, les discussions ont porté sur le thème <<L’économie mondiale et les défis de la coopération internationale dans les pays africains>>. Les différents concepts liés à la thématique du jour ont été élucidés et des pistes de solutions pour une économie africaine résiliente ont été proposées par les trois panélistes.
Mondialisation et coopération internationale; le difficile équilibre pour l’Afrique
Sur les deux sujets, les appréciations ont varié selon la conception de chaque panéliste mais convergent vers une seule et même conclusion: l’Afrique est le parent pauvre à tous points de vue.
Pour l’ancien ministre Ganiou Soglo, la mondialisation est un leurre, surtout que les grandes puissances ( les États-Unis et l’Europe) se protègent et ne favorisent pas une grande ouverture de leur marché. L’autre défi pour l’Afrique selon lui, est le problème de la monnaie qui inhibe jusqu’à ce jour le développement du continent. Aussi fait-il remarquer que la coopération internationale est en défaveur des pays africains qui n’ont pas cette capacité à rivaliser avec les grandes économies. La CEDEAO prise dans son ensemble ne représente que 8% des échanges. Une triste situation que déplore l’ancien ministre Ganiou Soglo.
<<Si vous n’êtes pas dans l’alliance néolibéralisme vous ne pouvez pas entrer dans le marché mondial>>, a notifié l’honorable député Lazare Sèhouéto. À l’en croire, c’est une politique des pays du nord (OCDE) qui fait que les autres pays moins puissants se sentent lésés dans les relations avec ces derniers.
Le professeur Maxime Jean-Claude Hounyovi quant à lui, a d’abord défini la mondialisation comme un fait qui a des phases d’extension et de replis avant de mettre l’accent sur le modèle économique béninois. De ses propos il ressort que le modèle économique béninois ne fonctionne pas car confronté au défi de l’industrialisation.
Des pistes de solutions proposées
Face à la situation critique des pays africains, les trois panélistes conviés par l’IAJP ont appelé à une synergie d’actions pour le changement de paradigme.
<<Nous devons nous regrouper pour relever le défi et il faut un marché intérieur digne du nom. La ZLECAF seule peut déjà nous aider à régler le problème pour avoir un marché intérieur compétitif>>, le Professeur Maxime Jean-Claude Hounyovi.
<<La coopération oui, mais on doit se regrouper entre nous. On ne peut pas régler le problème d’emploi des jeunes au Bénin sans sortir de nos chapelles politiques pour prendre la mesure des choses>>, l’ancien ministre Ganiou Soglo.
<<Ni le Bénin, ni le Togo et le Nigéria ne peuvent s’en sortir seuls. Ils doivent se compléter. Il faut régler le problème de marché intérieur et de formation des jeunes pour exister sur le marché mondial. Il faut aussi des États forts et responsables>>, le député Lazare Sèhouéto.
Approches de l’IAJP et perspectives
Pour mieux faire face aux défis contemporains dans les États africains, le Père Éric Aguénounon, Directeur de l’IAJP estime que tout doit commencer par l’éducation. Occasion pour lui de rappeler le rôle combien important joue son institut depuis 26 ans pour semer dans chaque citoyen les graines du patriotisme pour un Bénin meilleur et radieux. Mais avant de mettre un terme à son allocution, l’homme de Dieu a également fait une grande annonce: le besoin pressant de l’IAJP de revisiter « Africae munus: Eglise d’Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix ».
<<Ce qui s’est dessiné en 2011, cette réalité n’est plus pareille aujourd’hui. La réalité d’aujourd’hui est plus grave que celle de 201. Donc l’IAJP va mettre en place trois années de réflexions pour que nous puissions renforcer nos connaissances et s’approprier le document>>, a conclu le Père Éric Aguénounon.
Précisons que le jeudi 20 juin 2024 un cercle de réflexions sera organisé autour du même thème « L’économie mondiale et les défis de la coopération internationale dans les pays africains ».