Après la conférence sociale du 18 avril et le panel sous forme de débat tenu le 16 mai dernier, les responsables de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) ont organisé ce jeudi 20 juin 2024 un carrefour sous forme de cercles de réflexion. Ces assises qui ont eu lieu au Chant d’Oiseau à Cotonou marquent en effet le dernier acte des activités de l’IAJP au titre du second trimestre de l’année 2024. Placés sur le thème «L’économie mondiale et les défis de coopération internationale dans les pays africains », les travaux de la rencontre ont été conduits par les éminents professeurs Maxime da Cruz; Hygin Kakaï et Monique Ouassa Kouaro.
Répartis en trois groupes, les participants aux cercles de réflexion ont abordé plusieurs questions liées à la thématique du jour. Ainsi, sur le plan sécuritaire, madame Mélinda Hounkponou, rapporteur du troisième groupe estime qu’une bonne coopération se base sur la confiance mutuelle entre États et que les institutions régionales existantes telles que la CEDEAO et l’UEMOA doivent jouer pleinement leurs rôles pour que les initiatives soient orientées vers le bien commun de chaque pays membre. Aussi faut-il un partenariat gagnant-gagnant (en l’occurrence dans le cas du partenariat Nord-Sud) et renforcer les exercices militaires un peu à l’image de l’OTAN.
Concernant le plan économique, l’Afrique est confrontée à de grands défis, a fait savoir madame Mélinda Hounkponou. D’où l’urgence selon elle, de revaloriser la balance économique du continent, faciliter davantage l’ouverture des frontières et surtout que chaque pays membre respecte les accords préexistants vis-à-vis des autres États. S’agissant du volet santé, le gouvernement doit œuvrer pour garantir la transmission des connaissances.
Des propositions ont été également faites par le groupe 3 pour relever le défi de l’autosuffisance alimentaire dans les pays africains. Il s’agit surtout de revoir complètement le plan agricole en mettant l’accent sur la particularité de chaque État et développer un marché régional où chaque pays se spécialise dans un domaine particulier de production pour atteindre réellement l’autosuffisance alimentaire. Ce qui permettra d’embraser le commerce international.
La souveraineté, le pas à franchir pour sortir de l’ornière
« Si l’Afrique devient souveraine, tout ce que nous souhaitons peut devenir une réalité », a laissé entendre Dénis Hodonou, le rapporteur du deuxième groupe de travail. Il n’a pas manqué d’insister sur le développement d’une nouvelle forme de diplomatie et la révision des accords de coopération.
« Il faut une coopération Sud-Sud qui permet à chaque pays africain de jouer sa partition. Cependant, l’Afrique doit se montrer un peu plus prudente dans la coopération Nord-Sud et ne pas avancer naïvement », a indiqué le rapporteur du groupe 3.
La prise de conscience, l’arme de l’Afrique
«Il n’y a pas de philanthropie dans le monde. De même il n’y a pas d’alliés permanents. Tout repose sur un travail à faire sur soi-même ». Ainsi s’est exprimé le Père Roland Téchou, rapporteur du premier groupe. À l’en croire, cela suppose un changement de mentalité à l’égard de ce qui vient de l’extérieur. Et face aux différents défis de l’Afrique, il invite à ne pas mordre à l’appât de l’argent en ouvrant la brèche aux programmes tous azimuts qui ne concordent en rien avec les valeurs qui fondent le système éducatif béninois. Car le faisant, le capital humain en pâtira sans l’ombre d’aucun doute, a-t-il précisé. Pour finir, le Père Roland Téchou exhorte à la promotion d’une éducation aux valeurs africaines d’humanisation.
« Il s’agit donc dans ce sens de prendre en main notre destin et de travailler à la maîtrise de la technologie, en la rendant adéquate avec la promotion de l’agriculture pour favoriser la recherche et le développement. Tout cela suppose la qualité du vivre ensemble, préoccupation fondamentale pour relever tous les défis. Car quoi qu’il en coûte, nous sommes tous des frères, et l’effectivité de la fraternité doit impacter sur le développement ».

À la suite des rapporteurs des différents groupes de travail, le Professeur Maxime da Cruz, président de la séance ainsi que les Pères Hermann Agboffo et Éric Aguénounon, respectivement Directeur Adjoint et Directeur de l’IAJP ont à tour de rôle adressé un message d’exhortation aux participants pour une prise de conscience effective des enjeux liés à l’Afrique en matière de coopération et de développement. Et profitant de l’occasion, ils ont également plaidé pour une solidarité sincère entre les Etats africains au regard de l’ampleur des défis actuels.
À préciser que le prochain rendez-vous est pris pour le 18 juillet 2024 avec pour conférencier le Père Raymond Goudjo, actuel directeur national de Caritas Bénin et père fondateur de l’IAJP/Co.