A Conakry, des poursuites judiciaires sont lancées contre l’ex-président Alpha Condé et 26 anciens hauts responsables ayant servi sous sa présidence. Ils sont notamment accusés d’assassinats, de meurtres, d’actes de torture et d’enlèvements.
L’étau se resserre autour de l’ancien président et de 26 membres de ses proches. La plupart de ces derniers sont déjà poursuivis dans d’autres dossiers par la cour de répression des infractions économiques et financières (crief) créée par la junte militaire au pourvoir. En effet, depuis le mercredi 4 mai, dans un document de vingt pages intitulé « Instructions aux fins de poursuite judiciaire par voie de dénonciation », le procureur général près la Cour d’appel de Conakry a instruit le parquet du tribunal de première instance « d’engager des poursuites judiciaires sans délai » contre de nombreuses personnalités du régime déchu.
Ainsi, l’ancien chef d’Etat, Alpha Condé est la première personnalité visée par les poursuites. Viennent ensuite un ancien président de la Cour constitutionnelle, de l’Assemblée nationale, Premier ministre et un nombre considérable d’anciens ministres, députés et responsables des services de sécurité. Les principaux motifs des poursuites sont assez fragrants. Il s’agit du « meurtre, assassinat et complicité », disparitions forcées, détentions, enlèvements, acte de torture, coups et blessures volontaires, viols et agressions sexuelles…
Par ailleurs, la plainte a été déposée en janvier dernier par le Front national de défense de la Constitution (FNDC), un parti politique qui, depuis octobre 2019 s’est farouchement opposé au projet d’un troisième mandat d’Alpha Condé. Ces mouvements de protestations ont fait des dizaines de morts, pour la plupart des civils. Mais cela n’a point empêché l’ex président de briguer un nouveau mandat en octobre 2020, après avoir fait réviser la constitution au début de cette même année. Dès lors, le FNDC et des ONG internationales comme Amnesty et Human Rights Watch ne cessent de réclamer justice.
Le procureur Alphonse Charles Wright qui a été nommé par la junte ouvre donc une enquête et annonce avoir déjà des éléments de preuves, images, vidéos, qui lui ont été fournis par le FNDC.
Pour rappel, Alpha Condé a été renversé le 5 septembre 2021 lors d’un putsch conduit par le colonel Mamady Doumbouya. Après ce coup d’Etat réussi, il a été gardé prisonnier par les militaires. En janvier, il avait été autorisé à se rendre aux Émirats arabes pour un traitement médical, avant de rentrer chez lui le 10 avril dernier.