Réunis à Addis Abéba en Ethiopie pour la 35è session ordinaire, les chefs d’Etats de l’Union Africaine se sont prononcés sur plusieurs sujets d’actualité. Parmi ceux-ci figure la question de la nutrition, qui, vu son importance a été placée au centre des réflexions.
La sous-nutrition est un état de manque important de nourriture caractérisé par un apport alimentaire insuffisant pour combler les dépenses énergétiques journalières d’un individu et entraînant des carences nutritionnelles. D’après le dernier rapport de la FAO, 21 % de la population africaine soit 418 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2020. Sur le continent, 61,4 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance parmi lesquels 12,1 millions souffrent de cachexie et 10,6 millions sont en surpoids. Vu cet état de chose, il s’avère nécessaire pour l’Union Africaine de prendre des mesures afin d’améliorer les conditions de vie des populations.
D’où la problématique de « Bâtir une résilience en matière de sécurité nutritionnelle sur le continent africain : renforcer les systèmes agroalimentaires et les systèmes de santé et de protection sociale pour accélérer le développement socio-économique et du capital humain ». Autour de ce thème proposé par le président ivoirien Alassane Ouattara, s’est donc déroulé le 35è sommet des chefs d’Etats africains. Il témoigne ainsi de l’urgences des réflexions pour l’éradication de l’insécurité alimentaire en Afrique. Machy Sall, actuel président en exercice de l’UA a d’abord remercié tous ses collègues pour les efforts déjà consentis et invite chacun d’entre eux à prendre la question à bras le corps pour l’émergence alimentaire du continent.
Selon les statistiques de l’organisation, le continent abritait en 2019, 58,7 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrant de retard de croissance, soit plus du tiers de l’effectif mondial et seulement 7 pays membres affichent un taux de retard de croissance infantile en dessous de 19 %. Dans son discours, le président de l’Union Africaine a mis l’accent sur deux points capitaux qui pourront à coup sûr conduire le continent vers la réalisation de sa souveraineté alimentaire. Il s’agit essentiellement de : « la modernisation de nos outils et méthodes de production, de conservation et de transformation ; et de l’amélioration des intrants, la maitrise de l’eau, le développement des chaines de valeurs et la facilitation de l’accès aux marchés ». Cette initiative de faire de 2022, une année de nutrition a été soutenue par le collectif des leaders africains avec le soutien financier de la banque Africaine de développement (BAD).
Par ailleurs, trois objectifs sous-tendent l’année de nutrition. Il s’agit de garantir les investissements nécessaires à la mise en œuvre d’un plan d’actions pour la nutrition qui permette de réduire la malnutrition sur l’ensemble du continent, d’identifier les interventions rentables qui méritent d’être mises en œuvre et promouvoir la responsabilité.
La nutrition d’abord, le développement après
Cette vision des leaders viendra à point nommé régler le problème de sous-développement à l’étape basique. Aucune politique au monde ne peut en effet, vraiment réussir si les populations ne sont pas bien nourries. Et donc des Etats peuvent lancer la construction des routes, des écoles, d’hôpitaux ou encore des projets de réhabilitation et d’assainissement mais lorsque la sécurité alimentaire n’est pas garantie, les efforts resteront de nuls et sans effets. Alors, le pays pourrait disposer de main d’œuvre mais d’une main d’œuvre inefficace.
Pour preuve, depuis des décennies, la corne de l’Afrique subit régulièrement des crises alimentaires qui non seulement empêchent le développement des pays mais engendrent des conflits interminables au sein de la population. La vision est à saluer et que vivement les acteurs s’y mettent pour la concrétisation de ce projet phare de l’Union Africaine.