La junte militaire au pouvoir au Mali a ordonné le jeudi 17 mars 2022, la suspension de la radio RFI et de la télévision France 24 sur l’ensemble de son territoire. Pour motif, le gouvernement Goïta dénonce les « fausses allégations » d’exactions commises contre des civils par l’armée malienne et rapportées par ces deux médias français.
Le gouvernement malien a ordonné dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 la suspension de la diffusion de RFI et France 24 sur l’étendue de son territoire. En effet, les nouvelles autorités au pouvoir dénoncent la diffusion de reportage mettant en cause les forces armées maliennes et les mercenaires de Wagner dans des tueries de civils. La réaction des militaires a été très spontanée. Ils ont engagé une procédure pour suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la diffusion de RFI sur les ondes courtes et FM et la télévision France 24, ainsi que toutes leurs plateformes digitales. Une décision qui intervient dans un contexte où le pays semble entretenir un bras de fer avec la France. Ainsi, Bamako « rejette catégoriquement ces fausses allégations contre les vaillantes Fama (Forces armées maliennes).
Dans un communiqué, le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, « interdit à toutes les radios et télévisions nationales, ainsi qu’aux sites d’information et journaux maliens, la rediffusion et/ou la publication des émissions et articles de presse de RFI et de France 24 ». Le porte-parole du gouvernement estime que « les agissements de RFI et France 24 ressemblent, dans un passé récent, aux pratiques et au rôle tristement célèbre de la radio “Mille Collines” » qui avait encouragé le génocide au Rwanda en 1994.
La réponse de Paris et des médias suspendus
Le président français Emmanuel Macron lors d’un meeting de présentation de son programme pour la présidentielle a affirmé que cette suspension est le « signe d’une course en avant vers le pire ». Paris a dénoncé le même jour, une « atteinte grave à la liberté de la presse » au Mali. Ainsi, il s’indigne du comportement des dirigeants maliens qui ne favorise pas un climat d’entente. Après la décision de Bamako, France Médias Monde, presse mère des médias suspendus a déploré cette décision. Bien plus, elle proteste vivement contre les accusations infondées mettant gravement en cause le professionnalisme de ses antennes. Cependant, elle « étudiera toutes les voies de recours pour qu’une telle décision ne soit pas mise en œuvre et rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes. »
L’UE a jugé la décision d’« inacceptable »
Pour l’UE, cette décision est inacceptable. Selon elle, RFI et France 24 qui couvrent de près l’actualité africaine, sont très suivies au Mali. De son côté, l’ONG Reporters sans frontières a condamné “fermement” la suspension, qui, selon elle, ne fera que « renforcer l’ostracisation du pays ». Précédemment, le 8 février, Bamako avait expulsé un envoyé spécial du média français “Jeune Afrique” quelques heures après son arrivée dans le pays.