Pour l’agrandissement de l’aéroport d’Entebbe, la Chine a imposé à l’Ouganda un contrat léonin selon le centre de recherche américain AidData. Cette clause oblige donc l’Ouganda à mettre la totalité des bénéfices de l’aéroport dans un compte séquestre.
En 2015, la république ougandaise a contracté auprès de la banque chinoise d’import/export, un prêt de 200 millions de dollars soit 178 millions d’euros. Cette somme était allouée à l’agrandissement et aux travaux de modernisation de l’aéroport. En effet, d’après le centre de recherche américain AidData, le contrat de prêt oblige l’Ouganda à placer la totalité de ses recettes aéroportuaires dans un compte détenu conjointement avec le créancier. Ensuite, Il devra rembourser en priorité le prêt consenti avant de pouvoir envisager toute autre dépense.
Des clauses qui ne sont pas sans remous ?
Ce contrat n’est pas resté sans polémique. Bradley Parks, directeur exécutif d’AidData a déclaré à l’AFP qu’il s’agit des clauses les plus léonines qu’ils n’ont jamais vu. Car ce contrat limite l’autonomie budgétaire de l’État. C’est fréquent de voir des créanciers chinois imposés des clauses de remboursement aux États. Pour la plupart, elles sont basées sur les recettes attendues des infrastructures. Mais en ce qui concerne le contrat d’Entebbe, les clauses de remboursement portent sur l’ensemble des revenus de l’aéroport, pas seulement sur ceux attendus de l’agrandissement financé par Pékin, relève M. Parks. Ce qui peut être est un peu exagéré.
Il faut noter que la Chine est l’un des premiers bailleurs de fonds des infrastructures en Afrique. Quelques fois, elle est critiquée par ses contrats de prêts qui relèvent souvent des clauses léonines. Ce qui visiblement alourdissent la dette publique et privée des pays aux économies dominées. Construit en 1951, l’aéroport international de l’Ouganda générait chaque année des recettes d’environ 60 millions d’euros avant les travaux d’agrandissement selon AidData. Et l’Etat utilisait une partie des fonds pour financer des services publics. En comparaison, les analystes soulignent qu’au Bénin, un prêt chinois destiné à mettre sur pied un réseau d’approvisionnement en eau s’est accompagné d’une clause exigeant qu’une partie des recettes du réseau et non la totalité soit versée sur un compte conjoint.
Dans un rapport intitulé « How China lends » (« Comment la Chine prête de l’argent ») publié par le centre de recherche américain en 2021, le Peterson Institute for International Economics et le Kiel Institute estiment que 75% des prêts consentis par la China Development Bank comportent des clauses adossant le remboursement soit à des biens physiques, soit à un blocage de fonds sur des comptes spéciaux, comme c’est le cas avec l’Ouganda. En plus, 81% des prêts accordés par la banque chinoise, Exim Bank excluent toute possibilité de restructuration.
Pékin ouvert aux négociations
Au cours du Forum de coopération sino-africain (Focac) organisé à Dakar en fin novembre, les autorités chinoises ont été apostrophé sur la question des prêts en Afrique. Elles se disent conscientes du problème et la Chine a ainsi accepté de rejoindre le Club de Paris, dont la mission consiste à restructurer les dettes souveraines dans de bonnes conditions. Il est donc important de revoir les politiques de partenariat financier chinois pour qu’en aidant, qu’on n’envoie pas les économies dominées dans le gouffre du sous-développement.