Le Nigéria est le premier producteur du pétrole en Afrique. Malgré ce titre, il se retrouve ces derniers jours face à une insuffisance d’essence.
Depuis une semaine le Nigéria traverse une période de manque voir d’absence de carburant dans ses stations essence. Devant celles ouvertes dans les villes d’Abuja et de Lagos, les files de voiture s’étendent sur des centaines de mètres. Selon la Compagnie Pétrolière Nationale (NNPC), cette pénurie serait due à l’importation d’une grande quantité d’essence frelatée.
En effet, le Nigéria, bien qu’étant le premier producteur africain d’or noir, doit importer une grande partie de son essence à cause de la vétusté de ses infrastructures de raffinage et à la contrebande. C’est-à-dire que les quatre raffineries de ce pays de près de 220 millions d’habitants ne fonctionnent pas vraiment. Il doit donc importer entre 1 et 1,25 millions de tonnes d’essence par mois pour compenser sa demande nationale qui s’élève à environ 53 millions de litres par jour.
Des impacts sur le quotidien des nigérians
Cette carence d’essence a d’importantes conséquences sur le quotidien des nigérians. Dans cette condition de manque d’essence disponible, le prix des transports est devenu exorbitant dans plusieurs villes. Ce qui contraint bon nombre d’habitants à parcourir de longues distances à vélo ou même à pied.
D’après la banque mondiale, quatre nigérians sur dix sont sous le seuil international de la pauvreté. Ce seuil est compris entre 1,25 dollars à 2 dollars par personne et par jour. Dans ce pays l’électricité est un problème qui mine le développement. Ceux qui se le permettent, dépendent des générateurs à essence ou à gasoil pour alimenter leur maison et leur commerce. Ceci pendant une bonne partie de la journée. Avec ce manque, les utilisateurs de générateurs sont obligés de doubler leurs dépenses en gasoil pour faire marcher leur générateur.
En plus de ces conséquences, plusieurs automobilistes et conducteurs de motos se plaignent des dommages que cause le mauvais carburant importé.
En effet, le Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulatory Authority (NMDPRA), a intercepté plus de 100 millions de litres d’essence ne remplissant pas les spécifications exigées. Il s’agit du carburant frelaté importé depuis Anvers en Belgique par 4 importateurs. Cette cargaison contenait environ 20 % de méthanol, un solvant corrosif habituellement utilisé en faible proportion pour le raffinage du pétrole brut.
Il faut notifier que la NNPC tente depuis plusieurs jours de retirer ce produit contaminé du marché.
Les compagnies chargées de la vente de carburants ont affirmé que plusieurs stations essayaient toujours de rendre l’essence frelatée qui leur avait été fournie la semaine dernière. Ils se retrouvent ainsi empêchés de stocker et de vendre des produits contaminés.
La population béninoise en paie également les frais
Ces derniers jours, les contrebandiers béninois ont du mal à s’approvisionner puisque le Nigéria qui devrait leur fournir la contrebande est aussi en manque. Ce qui induit une augmentation des prix de carburant. Les bidons jaunes qui servent d’indication de prix affichent depuis mardi 500f/l, 550f/l voir même 600f/l contre 545f/l dans les stations.
Malgré tout, on espère une réduction des importations de pétrole soit de 36% à 43% par jour d’ici quelques mois grâce à la mise en production de la raffinerie du Groupe Dangote.