Ces dernières années, des coups d’Etats se multiplient en Afrique de l’Ouest rongeant ainsi à petits coups le continent. D’aucuns parleront d’un échec de gouvernance au niveau étatique ou de la gestion des conflits internes, mais ce qui est sûr, c’est que les pays africains courent vers une crise de gouvernance collective.
Ouagadougou se réveillait habituellement le 24 janvier 2022 quand des tirs nourris à l’arme lourdes ont été entendus aux alentours du palais présidentiel. Le pouvoir venait d’être arraché des mains du président Roch Kaboré par un groupe de militaire à sa tête le colonel Paul Henri Damiba. En prélude à ce putsch réussi, des organisations sous-régionales et internationales réfléchissaient sur la répétition des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest. En effet, quelques mois plus tôt, l’armée malienne avait entamé une mutinerie qui a abouti à la destitution du feu président Ibrahim Keïta et à l’installation d’un gouvernement de transition dirigé par le colonel Assimi Goïta.
Comme un enchaînement, le 05 septembre 2021, c’était le tour de la Guinée où les hommes en uniforme avaient pris d’assaut le palais présidentiel à Conakry. Un coup monté sous la direction de Mamady Doumbouya. Ainsi, le président Alpha Condé a été contraint à quitter le pouvoir. Le gouvernement et l’Assemblée nationale ont été dissout, les frontières terrestres et aériennes fermées et une transition en bonne et dure forme s’installa.
Par ailleurs, la CEDEAO, l’éternel arbitre dans l’espace ouest-africain et la France ex-colonisateur ont fermement condamné ces actes et ont recommandé aux militaires de rendre illico presto le pouvoir au nom de la démocratie. Ces recommandations n’ont fait que renforcer la position des militaires au pouvoir.
Des soubassements de la situation
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les coups de force en Afrique de l’ouest. Mais entre autres facteurs, on note deux essentiels. Il s’agit de la prise en otage du pouvoir par certains chefs d’État et l’insécurité accrue qui se manifeste par les attaques répétitives des groupes islamistes (djihadistes). En effet, certains chefs d’État comme Alpha Condé, ont beaucoup de difficulté à passer le pouvoir. Comme lui, des dirigeants avides de pouvoir se permettent de faire plus de deux mandats à la tête d’un pays démocratique, ce qui est anticonstitutionnel. Outre cette cause, la démocratie est dépouillée de toute son essence, les urnes sont truquées et des pays sont dirigés comme des entreprises privées. L’ex-président Guinéen semble déjà dépassé les bornes en briguant plus de deux mandats.
Au Mali et au Burkina, le problème est beaucoup plus concentré vers la gestion de la guerre contre le terrorisme. Des centaines de soldats maliens et burkinabè trouvent la mort à chaque affrontement avec l’ennemi. Mais le problème n’est jamais résolu. Malgré les aides extérieures ; particulièrement de la France, le pari n’est jamais gagné, pire l’avenir semble incertain. Chaque jour, des soldats meurt dans le Sahel et des villages entiers sont rasés et brûlés. Les peuples se tiennent sur les nerfs et se demandent s’il s’agit vraiment d’une protection ou d’une fédération entre les autorités et les malfaiteurs pour les piller. Et l’armée doute de la capacité du président civil à diriger le pays. Le comble, l’armée malienne n’a pas le droit de survoler certaines régions de son territoire. Tous ces contours ont créé des frustrations dans le rang des militaires, ce qui aurait visiblement déclencher une rébellion.
Des conséquences qui guettent le continent
Les impacts de ce phénomène, peuvent être positif comme négatif. Primo, les peuples sont satisfaits. On note à cet effet, des manifestations de joie, des marches de soutien aux juntes comme celle organisée au Mali le 14 janvier dernier : l’une des plus grandes marches de soutien du siècle. Secundo, la prise en main rigoureuse du combat contre le djihadisme avec le colonel Goïta sous l’expertise d’une aide spéciale venue de la Russie débarrasse le pays des impuretés politiques et conflictuelles.
Seulement quelques opérations dans les zones rouges du Mali et des centaines de djihadistes neutralisés et bon nombre pris en otage. Tertio, ce phénomène peut être contagieux vu que les africains soutiennent les militaires et réclament depuis bien longtemps, le divorce France-Afrique. Des pays limitrophes comme le Niger, le Bénin, le Togo, la Cote d’ivoire… risquent une certaine déstabilisation. L’Afrique est sur le point d’entamer une véritable révolution et des pertes en vies humaines pourraient s’en suivre.
Quelques issues de sortie de crise
Il est important que les chefs d’Etat africains respectent le principe d’alternance au pouvoir afin de ne pas porter atteinte à la souveraineté du peuple. En ce qui concerne la gestion du terrorisme, les gouvernants pourraient associer à la lutte, les experts en la matière selon leur choix. Tous les pays doivent avoir une autonomie de gestion donc bannir l’ingérence surtout celle extra continentale. Que chaque pays, chaque peuple et chaque personne oeuvre pour une paix durable en Afrique.