La tension entre la Russie et l’Ukraine a entrainé une crise alimentaire générale dans le monde entier. Cette situation a amené Macky Sall, président en exercice de l’Union Africaine à se rendre en Russie pour négocier la libération des stocks de céréales bloqués en Ukraine à cause de la guerre. Mais Paul Kagamé, président du Rwanda trouve qu’il est inacceptable qu’un pays de 44 millions d’habitants nourrisse l’Afrique tout entière.
Selon le président rwandais, Paul Kagamé, « Il est inacceptable que l’Ukraine, un pays de 44 millions d’habitants, nourrisse l’Afrique, un continent de 1,4 milliard d’habitants. Je promets à tous les rwandais que le Rwanda atteindra l’autosuffisance alimentaire avant 2025 ». Ainsi, la promesse de Kigali est ferme : l’autosuffisance alimentaire sera effective dans le pays avant 2025. L’homme qui gouverne d’une main de fer le pays d’environ 13 millions d’habitants s’est indigné de la mendicité de Macky Sall devant Poutine. Au-delà d’un simple propos, le président rwandais joint à sa vision, de l’action. Il affirme très clairement « J’ai autorisé 1 milliard de dollars de matériel agricole et toute la logistique nécessaire à la relance de notre industrie agricole »
Cette réaction de Paul Kagamé fait suite à la rencontre du président de l’UA, le vendredi 3 juin passé avec Vladimir Poutine, président de la Russie. Macky Sall avait fait part au maître du Kremlin de ses craintes d’une crise alimentaire en Afrique, provoquée par l’offensive russe en Ukraine.
La forte performance agricole du Rwanda
Le Rwanda de Paul Kagamé est un des géants dans le domaine agricole. En effet, les exportations agricoles ont rapporté un revenu total de 447 milliards de francs rwandais (445 millions $) au terme de l’année fiscale 2020/2021. C’est ce qu’indiquent les données publiées par le Conseil national des exportations agricoles (NAEB). Déjà en 2007, le programme d’intensification des cultures a formé les agriculteurs aux meilleures pratiques, a donné accès à des semences de haute qualité et a augmenté l’utilisation des engrais de 5 % à 70 %. L’État a accordé des subventions qui vont de 15 % à 35 % pour les engrais minéraux et de 50 % à 80 % pour les semences améliorées.
Ces statistiques colossales décrivent la place première de l’agriculture dans la relance économique rwandaise. Il faut également avouer que la région des Grands Lacs détient 27% de l’eau douce du monde, et la situation équatoriale et l’altitude du Rwanda signifient un climat stable tout au long de l’année, ponctué par deux saisons des pluies (en octobre et en avril). Cela permet une culture toute l’année avec une récolte par saison des pluies. L’utilisation de l’irrigation artificielle assure même une troisième récolte de nombreuses cultures. En plus de la grande révolution technologie, il est clair que le Rwanda pourrait s’ auto suffir d’ici 2025 sur le plan alimentaire.
L’agriculture ukrainienne étouffée
En Ukraine, le secteur agricole a presque été paralysé par la guerre. Le lundi 13 juin dernier, le ministère ukrainien de l’agriculture a annoncé que le pays a perdu un quart de ses terres cultivables du fait de l’occupation russe de certaines régions, dans le sud et l’est. En effet, ce conflit oppose deux superpuissances céréalières. La Russie et l’Ukraine assurent à elles deux 30 % des exportations mondiales de blé. Cette guerre a provoqué une flambée des coûts des céréales et des huiles, dont les prix ont dépassé ceux atteints pendant les printemps arabes de 2011 et « les émeutes de la faim » de 2008.
L’occupation de plusieurs régions ukrainiennes et le blocus des céréales imposé par la flotte russe de la mer Noire ont néanmoins forcé les agriculteurs ukrainiens « à modifier ce qu’ils semaient et la quantité », a précisé Taras Vysotskiï, ministre adjoint de l’Agriculture. Mais si les conséquences de l’invasion russe pour le marché intérieur ukrainien semblent limitées, l’impossibilité d’exporter les céréales produites en direction de l’étranger fait toutefois craindre « un ouragan de famine » dans les mois à venir, d’après l’ONU. Actuellement, « entre 20 et 25 millions de tonnes de céréales sont bloquées », avait alerté le 6 juin dernier le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pariant sur un chiffre qui pourrait augmenter à « 70-75 millions de tonnes » d’ici à l’automne prochaine.
Le Rwanda s’est donc lancé un défi qu’il pourrait certainement relever grâce à son potentiel agricole. Si ce géant de l’Afrique de l’Est arrive à combattre la dépendance alimentaire, ce sera excellemment un pari gagné.