Alors que le colonel Assimi Goita avait demandé vendredi dernier, l’extradition de personnalités politiques maliennes ayant élu domicile en Côte d’Ivoire, Abidjan a accusé à son tour ce dimanche les autorités maliennes d’avoir retenu en captivité ses soldats arrêtés depuis le 10 juillet au Mali.
Avant de libérer les 46 restants soldats ivoiriens détenus à Bamako, la junte malienne exige en contrepartie, l’extradition des autorités politiques maliennes résidant à Abidjan. En réponse à ce marché, la Côte d’Ivoire évoque une « prise en otage » de ses soldats. « C’est une prise d’otage qui ne restera pas sans conséquence. Notre position est claire : ce marché est inacceptable », a confié à l’AFP, une source proche de la présidence ivoirienne ayant requis l’anonymat ce dimanche 11 septembre. Elle ajoute néanmoins que « Nous privilégions toujours la solution diplomatique. Il faut éviter la politique du pire », avant d’espérer que la junte malienne « reviendra sur sa position ».
Cette déclaration est intervenue alors que vendredi dernier, le colonel Assimi Goita a conditionné la libération de ces soldats en question en parlant de « contrepartie ». Au « moment où la Côte d’Ivoire demande la libération de ses soldats, (elle) continue de servir d’asile politique pour certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux émis par la justice », a-t-il dit avant d’ajouter que « Ces mêmes personnalités bénéficient de la protection de la Côte d’Ivoire pour déstabiliser le Mali ». La junte malienne au pouvoir au Mali font ainsi référence au fils de l’ancien président IBK, Karim Keïta, à l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et à l’ancien ministre Tiéman Hubert Coulibaly, contre lesquels la justice malienne a lancé des mandats d’arrêt internationaux dans différents dossiers.
Il y a une semaine seulement, Bamako avait libéré les trois femmes soldats du groupe. Un geste humanitaire du Mali que la Côte d’Ivoire a qualifié de « bon signe ». En tout cas, pour le moment, plusieurs médiations sont en cours pour apaiser les deux camps. Il s’agit notamment de celle du président togolais Faure Gnassingbé, de leaders religieux maliens. Et d’après notre source, un sommet extraordinaire de la Cedeao doit se tenir la semaine prochaine à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, et devrait se pencher sur la question.
Pour rappel, le dimanche 10 juillet dernier, 49 soldats ivoiriens avaient été arrêtés à l’aéroport de Bamako alors qu’ils venaient au Mali dans le cadre d’une opération de la Minusma. Qualifiés de « mercenaires » par la junte malienne, ils ont été écroués mi-août dernier pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et attendent impatiemment leur procès.