Les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE) se sont réunis à Bruxelles les 17 et 18 février 2022 pour le sixième sommet Union européenne ‑ Union africaine. La réunion intercontinentale a été coprésidée par le président du Conseil européen, Charles Michel, et par Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine. Au menu des débats, il a été précisément question des sujets d’ordre sanitaire, climatique et sécuritaire.
Après Abidjan en 2017, Bruxelles a accueilli les dirigeants des continents africain et européen à l’occasion du sixième sommet UE-UA. Inscrit dans un format innovant, les chefs d’Etats ont participé à une table ronde thématique, ce qui a ouvert le débat et a permis des échanges francs et dynamiques. Avant le sommet, les dirigeants de l’UE ont participé à une réunion informelle des membres du Conseil européen sur les derniers développements concernant la Russie et l’Ukraine. Ainsi, conscients des possibilités et des défis communs sans précédent et toujours plus nombreux, les dirigeants de l’UE et de l’UA adhèrent à une vision commune d’un partenariat renouvelé pour construire un avenir commun, en tant que partenaires et voisins les plus proches.
Deux Unions, une vision commune
Les leaders africains comme européens se sont convenus sur une vision commune afin de consolider un partenariat renouvelé pour la solidarité, la
sécurité, la paix, le développement économique durable. La vision est donc de promouvoir des priorités communes, des valeurs que
partagent les deux continents, le droit international ainsi que la préservation conjointe des intérêts et biens publics communs. Cela concerne également la protection des droits humains pour tous, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans toutes les sphères de la vie. Sans oublier l’État de droit, les actions pour préserver le climat, l’environnement, la croissance économique durable et inclusive et la lutte contre les inégalités.
Un partenariat renouvelé
Ce partenariat aborde les perspectives ainsi que les défis immédiats et à long termes. En effet, l’UE soutiendra l’UA dans les mécanismes locaux et régionaux de passation de marchés, ainsi que l’attribution et le déploiement de produits médicaux. Pour ce fait, au moins 450 millions de doses de vaccin seront mises à la disposition des pays africains en coordination avec la plateforme de l’équipe spéciale pour l’acquisition de vaccins en Afrique (AVATT), d’ici mi-2022. De même, l’Europe mobilisera 425 millions d’euros pour accélérer le rythme de la vaccination et, en coordination avec le CDC Afrique, pour soutenir la distribution efficace de doses et la formation des équipes médicales, ainsi que pour renforcer les capacités d’analyse et de séquençage. L’UE affirme son engagement à combattre les flux financiers illicites (FFI) et à lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices (BEPS). En plus, il est convenu une facilitation des échanges culturels et la circulation des artistes et des œuvres entre les deux continents et l’encouragement d’un engagement mutuel en vue de la restitution de biens culturels.
Une Afrique et une Europe prospères et durables
L’Union Européenne annonce un investissement d’au moins 150 milliards d’euro en Afrique. Cet investissement aidera à construire des économies plus diversifiées, inclusives, durables et résilientes. Il prend en compte, le domaine d’énergie, transports et infrastructures numériques ; la transition énergétique ; la transition verte ; la transformation numérique ; la croissance durable ; l’industrialisation ; la création d’emplois décents et facilitation des transports. Pour l’atteinte des objectifs financiers, l’UE et l’UA mobiliseront des fonds publics pour stimuler les investissements privés en assemblant des instruments de financement innovants. De plus, les mobilisations vont s’étendre au niveau les institutions financières internationales et nationales telles que la Banque européenne d’investissement et la Banque africaine de développement ainsi qu’au niveau des partenariats public et privé.
Une coopération renouvelée et renforcée pour la paix et la sécurité

En effet, face aux nombreux défis sécuritaires, l’UE et l’UA annoncent une coopération renouvelée et renforcée pour la paix et la sécurité. Ainsi, à part les nombreux soutiens en ressources logistiques et militaires, l’UE entend fournir un soutien en faveur de formations, de renforcement des capacités et d’équipements adéquats, afin de renforcer et d’intensifier les opérations de paix autonomes menées par les forces de défense et de sécurité africaines. En concert avec les organisations internationales (ONU, CEDEAO…), l’UE et l’UA continueront également de soutenir les opérations de soutien à la paix sous conduite africaine. Dans ce contexte, les deux entités intensifieront leur coopération en matière de sécurité, y compris la cybersécurité.
Un partenariat renforcé et réciproque en matière de migration et de mobilité
Les deux organisations continueront à traiter tous les aspects de la migration et de la mobilité, dans le respect des compétences nationales, de manière intégrée, globale et équilibrée. Ensemble avec les institutions africaines de migration, les deux organisations vont travailler à la prévention de la migration irrégulière, au renforcement de la coopération contre le trafic et la traite des êtres humains, soutenir le renforcement de la gestion des frontières et au dialogue sur la migration entre les deux continents. D’une part, les systèmes d’asile seront encore renforcés afin d’offrir un accueil et une protection adéquats aux personnes éligibles et d’autre part, les dirigeants vont penser à trouver une solution aux causes profondes de la migration irrégulière et des déplacements forcés.
Un attachement au multilatéralisme
Les gouvernants africains et européens ont réitéré leur engagement à travailler pour la promotion d’un multilatéralisme effectif dans le cadre de l’ordre international fondé sur des règles, s’articulant autour des Nations unies. Ainsi, l’UE et l’UA s’efforceront à réduire les inégalités mondiales, à combattre et atténuer le changement climatique. De même, l’amélioration de la fourniture des biens publics mondiaux et le renforcement de la solidarité seront au cœur des coopérations. Les dirigeants se sont également réengagés à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris et des résultats des COP. Ils ont reconnu que la transition énergétique de l’Afrique est vitale pour son industrialisation et pour combler le déficit énergétique. L’UE soutiendra l’Afrique dans sa transition pour favoriser des voies justes et durables vers la neutralité climatique. Les dirigeants ont soutenu l’accueil par l’Afrique de la COP 27 en Égypte en 2022.
Six pays africains auront leur propre production de vaccins à ARN messager (ARNm)
L’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie ont été choisis par l’Organisation mondiale de la santé pour fabriquer les vaccins dont le continent a besoin. Annoncé le vendredi 18 février par l’Organisation mondiale de la santé, cette décision vient apporter un de plus au sommet UE-UA qui a déjà mis en place des politiques gigantesques pour la lutte contre la pandémie du Covid 19. L’agence onusienne a annoncé que ces premiers pays recevront la technologie nécessaire à la production de ces vaccins sur le continent africain. Par ailleurs, ce sommet, au-delà des procédures standards a été très bénéfique pour les deux continents.