Il s’est tenu le jeudi 17 août 2023 au Chant d’Oiseau à Cotonou, la 3è conférence sociale trimestrielle de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP). Organisée sous forme de panel, la rencontre a réuni les acteurs politiques, les membres de la Société civile et des universitaires autour de la thématique « Promotion d’une démocratie au service du développement humain : Une question des droits humains ». Les débats ont été animés par trois éminentes personnalités à savoir Jean-Baptiste Elias, président du FONAC (Front des Organisations Nationales Contre la Corruption) ; Dodji Amouzouvi, Professeur titulaire de Sociologie-Anthropologie à l’Université d’Abomey-Calavi et madame Mariama Baba Moussa, Présidente du conseil d’Administration de AADEF Bénin.
Les échanges de ce débat du jeudi organisé par l’IAJP ont permis à chaque panéliste de passer en revue les notions de démocratie, de développement et de droits humains.
La démocratie, un idéal qui repose sur quatorze principes sacrés
Selon Jean-Baptiste Elias, président du FONAC, la démocratie est le gouvernement du peuple, le gouvernement de la majorité. Et en tant que forme étatique de gestion du pouvoir, elle se démarque de la monarchie, de l’aristocratie, de l’autocratie et de la dictature. Sur les 193 États affiliés aux Nations-Unies, seulement 125 sont décrétés comme pays faisant de la démocratie, a souligné le président du FONAC.
La démocratie repose sur des principes sacro-saints à observer obligatoirement pour prétendre être un pays démocratique, a fait savoir Jean-Baptiste Elias. Il s’agit de la participation des citoyens, l’égalité, la responsabilité, la transparence, la tolérance politique, le système multipartite, le contrôle de l’abus de pouvoir, la liberté économique, la déclaration des droits, les droits humains, élections libres et équitables, l’indépendance de la justice, l’acceptation des résultats des élections et l’Etat de droit.
Les insuffisances de la démocratie béninoise
Affirmant que la démocratie est appliquée au Bénin, madame Mariama Baba Moussa, Présidente du conseil d’Administration de AADEF Bénin, a néanmoins relevé quelques insuffisances.
« Il y a par exemple des lois qui ont votées. Mais l’application de ces lois par le gouvernement n’est pas évidente. Le gouvernement doit le droit à la santé de la population, à la liberté d’expression, le droit à l’éducation, droit à l’épanouissement. Donc le gouvernement a des rôles à jouer, mais de l’autre côté, le peuple n’en demeure pas moins aussi », a martelé la PCA de AADEF Bénin avant de poursuivre en ces termes « Nous sommes venus de loin. En 1990 quand on a opté pour la démocratie, certaines valeurs ont été mises hors d’usage. D’où une certaine hystérie qui a conduit à une dérive où le peuple n’a pas l’éducation qu’il faut pour la démocratie ».
La démocratie, pas plus qu’un souhait qui appelle au consensus
Dans son intervention, l’universitaire Dodji Amouzouvi, professeur titulaire de Sociologie-Anthropologie à l’Université d’Abomey-Calavi, n’est pas allé du dos de la cuillère dans ses propos. A l’en croire, aucun pays au monde ne fait de la démocratie. « La démocratie n’existe pas. C’est juste un souhait qui appelle au consensus », a précisé le professeur Dodji Amouzouvi avant de mettre l’accent sur la nécessité et l’urgence de réinventer la démocratie et de l’adapter aux réalités africaines.
Il estime qu’il est temps d’arrêter de pratiquer la démocratie comme cela se fait en France, aux Etats-Unis, en Russie, en Chine ou en Grèce, car aucun de ces pays n’a la même modalité ou la même réalité que nous en Afrique. Sinon on sera toujours étranger à cela. Reconnaissant que la démocratie repose sur des valeurs universelles, l’universitaire soutient fermement que la mise en place et l’application de ces valeurs doivent être à la sauce locale. Autrement, on ne fera pas de la démocratie, a-t-il conclu.

Mots de reconnaissance de l’IAJP aux panélistes et aux participants
L’Abbé Hermann Agboffo, Directeur Adjoint de l’IAJP a aux termes des assises, exprimé sa gratitude aux panélistes pour leurs riches apports. Pour lui, « c’est un acte significativement essentiel dans l’écriture des belles pages de la démocratie qui se veut dorénavant une valeur et un principe à défendre par chaque individu, et par ricochet, par chaque nation. Ce fut un panel riche en enseignements qui constitue désormais une source intarissable ».
L’Abbé Hermann Agboffo, Directeur Adjoint de l’IAJP a pour finir, levé un coin de voile sur le prochain rendez-vous qui se tiendra le 14 septembre 2023. Des cercles de réflexion seront organisés à cet effet toujours sur le thème « Promotion d’une démocratie au service du développement humain : Une question des droits humains ».