Culture de politesse par excellence en Afrique, la génuflexion est l’attitude consistant à fléchir le genou en signe d’allégeance en face des ainés. Cette pratique spécifique à la culture africaine semble avoir perdu de tout son sens aux yeux des jeunes de nos jours.
Au départ, c’était un acte de soumission si on remonte l’histoire à l’époque des empires et des royaumes. Les sujets le faisaient pour faire allégeance au roi et à l’empereur. La génuflexion est ainsi dans les sociétés africaines traditionnelles, un signe de respect. Elle incarne les valeurs de politesse, d’honorabilité et de souplesse. Par conséquent elle reste une tradition importante dans la culture africaine. Cependant, avec la nouvelle génération, elle semble faire partie des habitudes qui ne sont plus gardées en vie. En effet, si dans un passé lointain, dans la culture africaine, l’homme, en voyant un membre de sa belle-famille doit fléchir le genou ou tout au moins, incliné la tête pour le saluer, l’attitude semble avoir disparu du quotidien des jeunes de nos jours. Parallèlement, les femmes qui avaient pour obligation de s’agenouiller pour parler à leur mari ou membre de leur belle-famille ou encore à tout autre ainé en guise de politesse, ont aussi effacé cette bonne mœurs de leur vécu. Autrefois donc considéré comme obligation surtout pour les femmes, la belle pratique devient de plus en plus invisible dans la culture africaine. Cet état de chose ne laisse pas indifférent mais pousse la curiosité et suscite des interrogations dans une société patriarcale comme celle de l’Afrique.
Une imitation tous azimuts de la culture occidentale
L’influence de la culture mondiale sur celle africaine n’est plus à démontrer. En effet, avec le phénomène de la mondialisation et l’avancée des nouvelles technologies de l’information où toutes les cultures s’entremêlent, les jeunes africains ont plus tendances à imiter les réalités occidentales et de ce fait, ne reflètent plus forcément l’image de leur continent. Ainsi, ils sont exposés à la culture d’ailleurs par le biais des films diffusés sur nos chaines de télévision et surtout par les réseaux sociaux, désormais principaux moyens d’information et de communication. Par ailleurs, la nouvelle forme de cette génuflexion observée chez les jeunes africains de nos jours est celle où l’on voit les hommes s’agenouiller devant des femmes pour leur demander de se marier avec eux. Ce qui n’est rien d’autre que le reflet des images diffusées sur nos petits écrans.
Le poids de la responsabilité des parents
La culture, élément vital d’une société dynamique avec des valeurs traditionnelles bien définies, a longtemps fait référence à des manières d’agir et de se comporter. Néanmoins avec le flux de la mondialisation et le brassage interculturel, les jeunes du continent noir se voient peu à peu désorienter et détourner des réalités intrinsèques à leur identité. Ce qui, logiquement suppose un problème de transmission de savoir. En effet, c’est aux parents de donner ce savoir aux enfants et surtout de le pratiquer pour qu’ils s’y réfèrent. Et lorsque cette base de transfert d’un certain nombre de connaissances est faussée, l’on se retrouve à perdre son identité, loin de ses valeurs. Les parents ont donc leur partition à jouer face à ce phénomène. Il faudrait alors que chaque parent réinitialise nos propres manières de faire à la maison afin d’éviter que les enfants soient acculturés. La culture est un héritage à partager et non à remplacer par d’autres.
Eliane FATCHINA