Ce mardi 18 janvier, s’est tenu sur le campus d’Abomey-Calavi un séminaire de formation à l’endroit des professionnels des médias. Intitulé les mots et leur histoire pour écrire sur le vodùn et en parler, ledit séminaire s’inscrit dans le cadre du colloque scientifique international ayant pour thème : le vodùn dans un monde en mutation : de la prétention cartésienne à la rationalité mantique. En effet, le vodùn étant typiquement béninois, qui mieux pour bien en parler et en écrire l’histoire autre que les journalistes du pays ? Malheureusement, les réalités et spécificités de l’univers vodùn sont souvent mal exprimées dans la presse béninoise, faute de connaissances. Cet état de chose est dû au fait que le français, langue utilisée pour faire passer le message, ne tient pas compte de nos traditions endogènes et n’offre donc pas toujours les mots appropriés pour dire exactement qui nous sommes. « Le champ lexical utilisé pour exprimer le vodùn pose problème et doit être amélioré » a laissé entendre le Professeur Raymond Coovi Assogba, initiateur dudit séminaire, Sociologue- Anthropologue et Boologue, maitre de conférence/Cames.
Responsabilité des professionnels des médias pour une société équilibrée
Conscient du rôle fondamental des Hommes des médias dans la préservation de la dignité et la sauvegarde des cultures, le conférencier a mis l’accent sur la problématique du choix des mots pour écrire sur le vodùn et en parler à travers des études de cas bien spécifiques. Les journalistes sont alors invités à construire un lexique approprié pour dire les réalités de l’univers vodùn. « Si les journalistes arrivent à trouver le champ lexical et sémantique approprié pour exprimer la sociabilité du vodùn, les atomes crochus de la manipulation, des clichés, des préjugés à partir desquels il y a eu injection des préjugés des religions ou des avatars du capitalisme seront transformés pour que nous ayons une société équilibrée » rassure le conférencier.
Le vodùn, victime des circonstances est souvent diabolisé, dénaturé et source de confusion. Toute chose à laquelle participe, par forcément de mauvaise foi, les acteurs de la communication. « En confondant ‘’dignitaires’’ avec ‘’vodùnon’’, ‘’Lègba’’ avec ‘’diable’’, ‘’prêtre du Fâ’’ avec ‘’couvent du vodùn’’ ; c’est un méli-mélo qui n’équilibre pas la jeunesse, les lecteurs » a-t-il ajouté pour attirer l’attention des professionnels des médias sur la guerre épistémologique à laquelle fait face l’Afrique de manière générale. Le monde étant en pleine mutation, nous sommes aujourd’hui à la frontière de deux idéologies différentes : la société traditionnelle et celle moderne. Et pour que rayonne l’idéologie du développement, il faut que disparaisse la société traditionnelle. Or, une disparition de cette société suppose la perte de notre identité.
Comprendre le vodùn ?
Initié par le Laboratoire de Boologie et de l’Intégral du Développement (LaBooID) qui considère qu’il faut partir du fondamental du Fâ-Vodùn-Bo pour implémenter une nouvelle manière de vivre, un zoom important a été fait sur le vodùn qui s’apparente à un iceberg dont les 2/3 sont immergés et dont on ne peut jamais comprendre la profondeur. « Le vodùn est très profond » a lâché le Directeur dudit laboratoire, Prof. Raymond Coovi Assogba.
Malgré les clivages générés par la modernité, le vodùn, source de connaissance, apporte au Bénin un monde nouveau à partir de 1992, année à laquelle le Président Soglo a dédié le 10 Janvier aux religions endogènes soutient le Professeur.
Les journalistes mieux informés sur le vodùn se doivent désormais de choisir les mots appropriés pour aborder les questions cultuelles qui concernent le vodùn. Le séminaire riche en séance débat apporte un plus aux professionnels des médias qui, grâce à leur plume peuvent promouvoir la joie ou la tristesse, l’angoisse ou la mort.
Pour rappel, ledit atelier de formation s’inscrit dans le cadre des activités du colloque scientifique international qui se tient sur le campus d’Abomey-Calavi les 19, 20 et 21 Janvier 2022 et qui regroupe plusieurs pays africains sur comment repositionner le vodùn au cœur du développement.