Le président sud-africain pourrait bientôt mettre fin à sa carrière politique. Cyril Ramaphosa est menacé de destitution au motif d’allégations de corruption. L’homme qui est arrivé au pouvoir en promettant de lutter contre la corruption, est maintenant pris à son propre piège. Pour l’heure, son parti l’ANC le tire d’affaire.
Le président Ramaphosa est arrivé au pouvoir en 2018 après que le parti Congrès national africain (ANC) a forcé la démission de Jacob Zuma, l’ancien président sud-africain dont le mandat avait été entaché par de nombreuses allégations de corruption. Divisé par des pro Zuma et des pro Ramaphosa, le parti de Nelson Mandela pensait alors avoir trouvé un messie. Mais très tôt celui-ci se lança dans des déboires qui pourraient lui valoir son fauteuil. Cyril Ramaphosa a volontairement décidé de faire taire le cambriolage de l’une de ses fermes, au cours duquel au moins 580 000 dollars dont l’origine reste encore douteuse, auraient été volés.
La contre-offensive du président
L’affaire portée en justice depuis juin 2022, fait beaucoup de vagues actuellement dans la classe politique sud-africaine. Mais le président assure, que les sous proviennent de la vente de vingt buffles à un homme d’affaires soudanais. Le parlement devait décider ce mardi 6 décembre en session extraordinaire de lancer ou non une procédure de destitution sur la base d’un rapport parlementaire. Ledit rapport stipule que M. Ramaphosa pourrait avoir enfreint la loi en dissimulant un vol dans sa ferme. Ainsi, ce lundi, le président sud-africain a fait appel devant la cour constitutionnelle pour que le rapport parlementaire et le vote au Parlement, soient « revus, déclarés illégaux et rejetés ».
Et parallèlement, le Parlement sud-africain a décidé ce même lundi soir de repousser d’une semaine le vote sur le déclenchement d’une procédure de destitution. « nous sommes tous d’accord sur [la date du] 13 décembre », a déclaré Nosiviwe Noluthando Mapisa-Nqakula présidente de l’assemblée nationale, arguant de la nécessité de donner à chaque élu le temps de se rendre au Cap, siège du Parlement, pour un vote en personne.
L’ANC à la rescousse
Visiblement l’ANC est en train de sauver le président Cyril Ramaphosa. Car la direction du Congrès national africain (ANC) a déclaré qu’elle demanderait à ses députés, qui forment la majorité, de voter contre son adoption. « Si le Parlement engage le processus demain, l’ANC ne se prononcera pas en faveur du vote », a averti le secrétaire général, Paul Mashatile, à l’issue d’une réunion au sommet à Johannesburg.
Pour que la procédure de destitution aboutisse, il faut d’abord une majorité de 50% puis ensuite, un vote à la majorité des deux tiers. Or, bien qu’elle soit divisée, l’ANC détient une majorité écrasante au Parlement sud-africain.