Le secrétaire général de l’organisation des Nations Unies est en visite officielle en Afrique depuis samedi dernier. Antonio Guterres est en tournée africaine au Sénégal, Niger et au Nigeria. Au cours des échanges avec les autorités de chacun de ces pays, Antonio Guterres a abordé non seulement la question des transitions au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, mais aussi les crises sécuritaire, alimentaire, énergétique, financière et climatique.
Au Sénégal, le chef de l’ONU a abordé avec le président sénégalais Macky Sall, aussi président en exercice de l’Union africaine, la question de la recrudescence des coups d’État en Afrique de l’ouest. A propos, Antonio Guterres a exhorté les juntes militaires au Burkina Faso, en Guinée et au Mali à rendre dans un bref délai le pouvoir aux civils. « Nous avons convenu de l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto [à Ouagadougou, Conakry et Bamako] afin d’instaurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs », a déclaré Antonio Guterres à Dakar.
Les impacts de la guerre en Ukraine sur le continent africain
Autre sujet abordé par Macky Sall et Antonio Guterres, c’est l’aggravation dans la sous-région des crises alimentaire, énergétique et financière. En effet, on sait que le conflit en Ukraine fait grimper les prix mondiaux des denrées alimentaires et du carburant. De ce fait, les hauts responsables de l’ONU craignent que la hausse des coûts ne pousse davantage de personnes au bord de la famine et ne conduise à une instabilité politique et à des troubles sociaux dans certaines régions d’Afrique, où les prix des denrées alimentaires ont augmenté d’un tiers depuis l’année dernière. Mars dernier, Macky Sall a exhorté la Banque Mondiale à aider l’Afrique à faire face aux effets économiques du conflit russo-ukranien.
En animant un point de presse avec le président sénégalais, le secrétaire général des Nations Unies, a préconisé trois mesures fortes en réponse à la crise sur l’alimentation, l’énergie et les finances qui secoue le monde suite au déclenchement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. D’abord «nous devons garantir un flux régulier de denrées alimentaires et d’énergie sur les marchés ouverts en levant toutes les restrictions inutiles à l’exportation, en affectant les excédents et les réserver à ceux qui en ont besoin et en contrôlant les prix des denrées alimentaires pour calmer la volatilité des marchés », a-t-il fait savoir.
Quant à la crise financière, « Les institutions financières internationales doivent, de toute urgence, mettre en place des mesures d’allègement de la dette en augmentant aussi les liquidités et la marge de manœuvre budgétaire des pays en développement afin que les gouvernements puissent éviter des défauts de paiement et investir dans les filets de sécurité sociale et de développement durable pour leurs populations », a soutenu Guterres. Le secrétaire de l’ONU a aussi laissé entendre que l’institution « a présenté des propositions concrètes en ce sens durant les réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI ».
Par ailleurs, face à l’urgence climatique et la transition énergétique, Antonio Guterres a notifié que les pays africains étaient « souvent les premières victimes » d’un réchauffement planétaire dont ils ne sont « pas responsables ». Cet état de chose a amené les pays développés à s’engager à les aider afin de financer leur « transition vers les énergies renouvelables et les emplois verts ». Cet engagement pris depuis 2015 et qui devrait entrer en vigueur en 2020, n’a jamais été respecté. Le patron des Nations Unies lance : « Il est temps de passer aux actes. Il est temps de tenir la promesse des 100 milliards USD par an, faite à Paris », a-t-il insisté.
« la paix, la stabilité et la prospérité du Niger et de l’ensemble du Sahel représentent une priorité absolue pour les Nations Unies ».
Après l’étape du Sénégal, Antonio Guterres s’est rendu au Niger ce lundi. Là, les questions sécuritaires, humanitaires, et la bonne gouvernance au Niger étaient au centre des discussions entre Antonio Guterres et le président Mohamed Bazoum. Après avoir rencontré ce dernier, le secrétaire général de l’ONU a appelé à la mobilisation de beaucoup de ressources pour s’attaquer au problème du terrorisme car, « la paix, la stabilité et la prospérité du Niger et de l’ensemble du Sahel représentent une priorité absolue pour les Nations Unies ».
Ce mardi, Antonio Guterres s’est rendu sur le site des déplacés dans le département de Ouallam, région de Tillabéri. Ce site accueille actuellement, 5 506 personnes soit 1 017 ménages ayant fui des violences dans leurs localités. Prenant connaissance de leur situation, le secrétaire de l’ONU a salué le courage de ces populations avant de promettre qu’il va plaider en leur faveur auprès de la communauté internationale pour des aides humanitaires conséquentes.
Au Nigeria, Antonio Guterres appelle au retour des déplacés
La dernière descente de la visite officielle du secrétaire de l’ONU était au Nigeria. Les discussions ont essentiellement tourné autour du terrorisme. En effet, depuis 2009, les groupes terroristes dans le nord-est du Nigeria comme Boko Haram ont fait plus de 40.000 morts et plus de 2.2 millions de déplacés. L’autorité onusienne a alors appelé à un retour de ces déplacés « La solution est de créer des conditions sûres, des conditions de développement pour qu’ils puissent rentrer chez eux en sécurité et dans la dignité », a insisté M. Guterres.
Le chef de l’ONU a également visité un camp de réhabilitation d’ex-combattants jihadistes. Ici, il a plaidé pour « la réintégration de ceux qui, dans un moment de désespoir, sont devenus des terroristes et qui souhaitent désormais être des citoyens » pour favoriser la paix dans le pays.