Pour mieux appréhender la nature de la coopération entre l’Afrique et le reste du monde et jauger avec justesse les avantages tirés en la matière par le continent noir, les responsables de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP) ont organisé le jeudi 22 août 2024 un débat sous forme de panel. Cette rencontre, devenue une tradition, s’est tenue au Chant d’Oiseau à Cotonou et a réuni autour de la table d’éminentes personnalités. Il s’agit des honorables députés à l’Assemblée nationale, Éric Houndété, Premier Vice-président du parti Les Démocrates et Nassirou Arifari Bako. La troisième voix et pas des moindres est le Docteur Révérend Père Damien Bokossa, Formateur au Grand Séminaire Saint Paul de Djimè.
Le débat du jeudi 22 août 2024 a en effet porté sur « La coopération internationale: Un regard critique et éthique sur sa contribution au développement ». Les assises ont duré environ trois heures d’horloge au cours desquelles les invités de l’IAJP ont passé en revue tous les concepts ayant rapport au thème du jour.
La coopération entre États africains, un défi contemporain
Si la coopération internationale est définie comme un outil de promotion de solidarité et de paix, l’Afrique semble s’écarter un peu du concept selon le député Éric Houndété. À ce jour, la coopération entre pays africains est encore un défi de premier plan. Ce qui plombe tous les efforts devant permettre à l’Afrique de s’imposer dans le concert des nations et d’en jouir pleinement, a indiqué le parlementaire.
« Lorsque le sud-coréen a besoin d’une résistance ou d’un micro-processeur, il ne commande pas d’abord aux États-Unis. Il commence par prendre le micro-processeur qui se trouve dans son environnement immédiat. Donc il fait son développement tout en faisant le développement de son voisin. Ils marchent ensemble. Est-ce que ici le Coton béninois est vendu à une industrie sénégalaise ou à une industrie italienne? On se pose des questions ».
Bénin, mauvais élève dans la gestion de la coopération
Partageant le même avis que son collègue avec toutefois une légère réserve, l’honorable député Nassirou Arifari Bako estime qu’il faille désormais que l’Afrique mise sur la coopération d’investissement et non sur l’aide au développement pour que les lignes puissent véritablement bouger. L’ancien ministre des Affaires étrangères en a d’ailleurs profiter pour faire l’état des lieux de la gestion de la coopération au Bénin.
« Dans la gestion de la coopération dans un pays comme le nôtre et de par mon expérience, il y a une grande indiscipline administrative et politique autour de la gestion de la coopération d’ensemble de notre pays avec les autres États. Lier la coopération à tel ministère ou à tel autre, là n’est pas le problème. Le vrai problème c’est comment structurer et organiser l’ensemble de la coopération de notre pays avec l’extérieur. Le ministère des affaires étrangères n’a jamais réussi à imposer cela. Et au sommet parfois, il aussi manqué la volonté politique d’obliger à faire cela ».
L’humanisation comme socle de la coopération internationale
Présent à la table des discussions, l’homme de Dieu, le Docteur Révérend Père Damien Bokossa, Formateur au Grand Séminaire Saint Paul de Djimè a aussi apporté sa pierre à l’édifice. À l’en croire, les enjeux liés à la coopération internationale n’ont pas encore en réalité entraîné l’Afrique dans une émergence économique. D’où la nécessité de se poser les questions essentielles, surtout que le continent est devenu un terrain de concurrence entre les grandes puissances. Et pour cela, le Révérend Père Damien Bokossa a jugé utile de revenir aux valeurs de base pour ouvrir un espace de développement. « Les buts escomptés on ne les trouve pas réellement dans cette affaire de coopération internationale. « Je suis d’avis qu’on s’ouvre aux autres mais peut-être en revenant à nos valeurs, en cherchant à savoir comment fonctionnait nos États. Quel est le mode d’organisation qui préludait à toutes ces instances en Afrique ».

À préciser que la rencontre du jeudi 22 août 2024 a pris fin sur les notes de remerciements et d’exhortation du Père Hermann Agboffo, Directeur Adjoint de l’IAJP. Le prochain rendez-vous est fixé au 19 septembre 2024 et marquera la clôture du thème trimestriel.