Cinquante ans ce mercredi 26 octobre 2022 que l’ancien président, feu Mathieu Kérékou a pris le pouvoir après son coup d’État réussi de 1972. Ce coup de force a donc mis fin à la gestion tricéphale du pourvoir par Justin Ahomadégbé, Hubert Maga et Migan Apithy.
Selon plusieurs sources, il sonnait 14 h 30, le jeudi 26 octobre 1972, quand un groupe de militaires composé du commandant Mathieu Kérékou, des capitaines Janvier Assogba, Michel Ayikpé et autres officiers de l’armée, a déposé le conseil présidentiel dirigé par Justin Ahomadégbé. Installé quelques mois plus tôt, ce dernier avait pris le pouvoir des mains d’Hubert Maga. Il devrait le rendre ensuite à Sourou Migan Apithy, deux ans plus tard. Ainsi, les trois ont pu concentrer le pouvoir en leur sein en instaurant un système alternatif de deux ans où chacun goûtera aux prestiges suprêmes.
Le leader et commandant Mathieu Kérékou donne les raisons du putsch
Les putschistes n’ont pas perdu de temps pour officialiser la prise du pouvoir par les militaires. Dans l’après-midi du 26 octobre, ils investissent la radio nationale et le palais de la République. A 15 heures, la voix de Mathieu Kérékou résonne sur les antennes de la radio nationale en tant que représentant du nouveau régime.
Dans un long discours, il justifie ce coup de force par les manquements du conseil présidentiel. Kérékou et ses camarades ont, en effet, déploré « les élections antidémocratiques » de 1970 en raison « des violences, pressions et fraudes » constatées. Ce qui a d’ailleurs contraint le directoire militaire à annuler les deux scrutins. Les putschistes regrettent aussi les divisions au sein du conseil présidentiel et l’inaction de celui-ci face à la situation.
Les militaires ont notifié au passage que le conseil montre, chaque jour, « le spectacle affligeant de sa carence congénitale, de son incapacité notoire et de son incompétence impardonnable à gérer les affaires de l’État et à conduire dignement le peuple dahoméen vers un lendemain meilleur ». La situation au sommet de l’État avait aussi provoqué, selon eux, « l’injustice et arbitraire » dans le pays, et « le virus de la division a atteint l’armée ».
Au regard de toutes ces observations, les putschistes ont alors prononcé la dissolution du conseil présidentiel, du gouvernement, de l’Assemblée consultative nationale et des instances départementales et urbaines en place. Par la suite, ils ont annoncé que l’armée va assurer dorénavant la plénitude des pouvoirs d’État. A l’unanimité, les putschistes ont décidé de confier la gestion du pays à Mathieu Kérékou, car vu comme un leader charismatique.
De la révolution à l’ère du renouveau démocratique
Le tout nouveau président est venu au pouvoir avec un discours programme ambitieux. « La branche ne se cassera pas dans les bras du caméléon. Le Dahomey sera commandé et dirigé sagement par un régime militaire révolutionnaire », indique-t-il pour montrer sa détermination à faire perdurer la révolution. Malheureusement 17 ans après, il a déchanté. La révolution a finalement laissé place au renouveau démocratique en 1990.
Quelques dates clés sur Mathieu Kérékou
- Né le 2 septembre 1933 à Kouarfa, dans la colonie du Dahomey (Bénin)
- Président de la République du Dahomey (26 octobre 1972 – 30 novembre 1975)
- Président de la République populaire du Bénin (30 novembre 1975 – 4 avril 1991)
- Président de la République du Bénin (4 avril 1996 – 6 avril 2006)
- Décédé le 14 octobre 2015 à Cotonou, au Bénin.
Au Bénin, Feu Général Mathieu Kérékou est reconnu et honoré comme un grand artisan de la paix. Plusieurs édifices portent son nom à Cotonou tels que le stade de l’amitié baptisé Stade Général Mathieu Kérékou et les jardins de Mathieu érigés en son honneur.