A Ouagadougou, la rencontre entre le président de la transition, le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba et ses prédécesseurs, anciens chefs d’Etat burkinabè s’est tenue ce vendredi sous un format marqué par l’absence de trois anciens chefs d’État sur les cinq invités. Pourtant elle était annoncée comme une rencontre de « haut niveau » et visait une lutte forte contre le terrorisme au pays des Hommes intègres. Roch Marc Christian Kaboré avait été particulièrement empêché par ses sympathisants mobilisés en grand nombre à son domicile très tôt dans la matinée.
Etaient conviés à la rencontre, Jean-Baptiste Ouédraogo (1982-1983), Blaise Compaoré, président de (1987 à 2014), Isaac Zida, qui avait brièvement pris le pouvoir en 2014 et actuellement en exil au Canada, Michel Kafando (2014-2015) et Roch Marc Christian Kaboré, élu en 2015 avant d’être renversé en janvier 2022. Malheureusement, seulement deux des cinq anciens présidents du Burkina Faso ont participé vendredi à ladite réunion. Il s’agit de Jean-Baptiste Ouédraogo et Blaise Compaoré. Bien entendu, l’objectif de la rencontre était d’accélérer le processus de la réconciliation nationale, afin de trouver une solution pour endiguer la violence djihadiste qui frappe le Burkina depuis 2015.
Cohésion sociale
« Cette rencontre a porté principalement sur la recherche d’une paix durable dans notre pays », a déclaré Paul-Henri Sandaogo Damiba, initiateur de la rencontre, à la fin des travaux ce vendredi. Il ajoute par ailleurs : « Nous sommes convaincus que c’est seulement dans la cohésion sociale et dans l’unité que les forces qui combattent en ce moment même le terrorisme seront davantage déterminées et auront plus de succès ».
Dans l’après midi de ce vendredi, les deux anciens chef d’Etat ayant répondu favorablement à l’appel de leur successeur ont déclaré : « Quand la violence armée pousse près de deux millions de nos compatriotes à fuir de chez eux pour trouver refuge ailleurs dans le pays, quand les terroristes tuent, pillent impunément nos compatriotes et que les survivants dépendent encore aujourd’hui largement de l’assistance humanitaire, reconquérir les territoires occupés, restaurer l’autorité de l’État est l’urgence absolue ».
Frontalier du Mali et du Niger, le Burkina Faso est le théâtre de fréquentes attaques djihadistes depuis 2015. Ce phénomène gagne du terrain. « Nous avons appris récemment que plus de la moitié de notre territoire est hors contrôle : c’est effrayant, c’est dramatique » affirment les deux anciens présidents présents avant d’ajouter : « C’est grâce au dépassement des clivages politiques, générationnels, ethniques, religieux et autres croyances traditionnelles, que nous parviendrons à rebâtir ensemble les fondements du pays dans un sursaut patriotique ».
Retour contesté
Par ailleurs, le président Christian Kaboré s’était retrouvé dans l’impossibilité de participer à cette entrevue entre chefs d’Etat. Et pour cause, des manifestants se sont réunis à son domicile pour l’empêcher d’y aller. « Ce matin, me préparant pour la réunion, je me suis retrouvé dans la situation où devant la porte, il y avait des personnes exigeant que je n’aille pas à cette rencontre. Au regard du nombre, les CRS sont venus pour voir dans quelle mesure je pouvais m’y rendre. Mais j’ai considéré que nous sommes déjà dans pas mal de discussions et qu’utiliser la force en la matière ne résoudrait pas les choses. C’est pour cela que je n’ai pas participé à la rencontre », avait-il laissé entendre dans une conférence de presse qu’il a animé depuis son domicile après la réunion. Le président déchu a en outre indiqué que «l’initiative est louable à la base »
Les manifestants soulignaient fortement : « Kaboré bouge pas ». Ils exprimaient ainsi leur mécontentement contre le retour de Blaise Compaoré qui a été condamné à perpétuité dans le procès de son prédécesseur Thomas Sankara. Les populations exigent qu’il soit immédiatement arrêté et conduit en prison.
En dehors du président Kaboré, Isaac Zida et Michel Kafando n’avaient pas aussi répondu favorablement à l’appel du président de la transition.