Au Burkina Faso comme en Guinée, l’ultimatum donné par la CEDEAO a expiré hier lundi 25 avril. Cependant, les autorités militaires au pouvoir ne se sont toujours pas encore conformés aux injonctions de l’organisation sous régionale.
Les colonels au pouvoir au Burkina Faso et en Guinée avaient, jusqu’hier 25 avril pour dissiper les doutes sur leur volonté de rendre au plus vite le pouvoir aux civils en présentant un chronogramme (calendrier) acceptable de la fin de la transition. Autrement, de lourdes sanctions économiques et financières s’abattraient sur leurs pays respectifs, comme cela avait été le cas au Mali récemment. C’est en effet, l’ultimatum lancé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lors de son dernier sommet tenu à Accra, le 25 mars dernier. Par la même occasion, les présidents ouest-africains ont demandé aux autorités guinéennes et burkinabé de libérer sans délai, les anciens présidents déchus lors des coups d’Etat respectivement du 05 septembre 2021 et 24 janvier 2022.
Que dit le Burkina Faso face aux menaces de la CEDEAO ?
Prenant acte des menaces de la cedeao, le gouvernement de la transition au Burkina Faso a affirmé ce lundi qu’il n’envisage pas écourter la période de transition de trois ans avant un retour des civils au pouvoir, comme ses voisins ouest-africains le lui avaient demandé.
« Les discussions se poursuivent, le Burkina Faso est dans une très bonne disposition à entendre les remarques de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) », a déclaré Lionel Bilgo, porte-parole du gouvernement rapporté par l’AFP sur Africanews.
A l’en croire, ledit calendrier qu’exige l’organisation ouest-africaine est loin d’être conforme aux réalités des burkinabé. Il ajoute à cet effet : « Par contre, nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible et dont le délai ne tient pas du tout compte des réalités du terrain ».
On retient donc que les nouvelles autorités de Ouagadougou ne sont pas encore prêtes pour rendre le pouvoir aux civils. D’ailleurs, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba dans un discours à la nation début avril, avait indiqué que la période de transition de trois ans avant un retour à l’ordre constitutionnel avait été décidée « de façon consensuelle par l’ensemble des forces vives de notre nation » et en tenant « compte d’une réalité qui est la seule vraie préoccupation du peuple burkinabè actuellement, à savoir la situation sécuritaire ». Il avait ajouté : « Plus vite nous arriverons à juguler cette situation et plus vite nous amorcerons un retour à un ordre constitutionnel normal ».
Nonobstant, le colonel Damiba et son équipe ont privilégié la voie de la raison en relâchant l’ancien président Roch Marc Kaboré comme l’avait exigé la CEDEAO.
En Guinée, la durée de la transition n’est pas encore déterminée
En Guinée Conakry, la situation ne semble pas évoluée comme au rythme de l’organisation régionale. En effet, la durée de la transition n’est pas encore déterminée. Le colonel Mamadi Doumbouya s’en réfère à la décision qui sortira des assises nationales en cours dans le pays et qui prennent fin le 29 avril prochain. Cependant, le Vendredi 22 avril dernier, à trois jours de la fin de l’ultimatum, le Comité national pour le Rassemblement et le développement (CNRD) a annoncé dans un communiqué la « libération totale de Alpha Condé ».
Par ailleurs, une interrogation s’impose. Les libérations des anciens présidents seules suffisent pour calmer les dirigeants de la CEDEAO et à annuler les sanctions projetées? Dans tous les cas, la CEDEAO appréciera et décidera si le Burkina Faso et la Guinée vont être classés au même titre que le Mali. En effet, faut-il le rappeler, Bamako fait l’objet de sanctions économiques et financières entrées en vigueur depuis le 9 janvier et maintenues par le sommet du 25 mars. Une sorte de confinement qui n’a cependant pas amené Assimi Goïta à infléchir sa position. Selon les dernières nouvelles, Bamako s’attache toujours à une transition de 24 mois alors que la CEDEAO lui en a exigé 16 mois.