Le dévolu jeté par MSC sur les activités du groupe Bolloré en Afrique illustre l’importance économique et politique du commerce portuaire sur le continent africain. Une opportunité que les grands opérateurs économiques du continent auraient dû saisir pour assurer la gestion de leurs ports et garder la main mise sur leurs économies.
Lorsque l’industriel qui détient un véritable empire du transport en Afrique a chargé la banque d’affaires Morgan Stanley d’étudier la cession de son activité historique de logistique sur le continent, les experts avaient évoqué une marge de 2 à 3milliards d’euros. Mais c’était sans compter sur la frénésie de rachats qui anime les géants de mers, toujours prêts à maitriser l’ensemble de la chaine logistique, des porte-conteneurs aux ports. Vu sous cet angle, l’offre de MSC évaluée à 5,7milliards d’euros se présenterait comme une aubaine au groupe Bolloré. Cela dénote aussi de l’avenir radieux du commerce maritime qui attise les convoitises. Le commerce portuaire étant une activité très concurrentielle à la hauteur de l’enjeu. 92% des échanges commerciaux du continent se font par voie d’eau.
Départ de Bolloré, opportunité d’affaire pour les Africains ?
Non, le retrait de Bolloré de la logistique en Afrique n’est visiblement pas une opportunité d’affaire à saisir pour les opérateurs économiques Africains. Même si à l’annonce, on s’attendait à la candidature du français CMA-CGM ou le danois Maersk, on envisageait quand même aussi une candidature africaine ; le rêve étant permis. Malheureusement rien n’y fit.
5,7 milliards d’euros, voilà l’offre de MSC pour acquérir la branche Africa Logistics de Bolloré. En donnant l’occasion à Gianluigi Aponte d’acquérir la fortune de Bolloré sur leur continent, les Etats Africains permettent à nouveau à un étranger d’avoir la main mise sur leur économie. Alors qu’il aurait fallu qu’un africain acquiert ledit marché. En effet, le port étant le point stratégique du pays dont on ne peut confier la gestion à un tiers. Car qui tient le port, tient le commerce, le secteur portuaire étant l’un des plus rentables au monde.
Par ailleurs, cela démontre de l’incapacité des africains à s’unir pour défendre une cause commune. De ce fait, même si une seule personne n’a pas les moyens de racheter l’empire logistique de Bolloré sur le continent, il aurait été bien que trois à quatre opérateurs africains se mettent ensemble pour acquérir ladite société, et par conséquent en faire un patrimoine continental. Qu’il s’agisse du réseau ferroviaire ou du transport maritime, c’est le moyen de transit de toutes les opérations d’un pays vers un autre. Alors, contrôler les ports, c’est contrôler le commerce africain d’une manière générale.