Depuis mars dernier, l’escalade a repris entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Les affrontements entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise ont engendré des tensions ces derniers jours. Kinshasa et Kigali s’accusent mutuellement d’avoir soutenu les groupes Tutsis et Hutus, lesquels groupes sont respectivement considérés comme rebelles par les deux pays.
La tension monte à nouveau entre le Rwanda et la RDC ces derniers jours, surtout avec la recrudescence des attaques du groupe armé M23 sur le territoire congolais. Pourtant les relations entre les deux pays avaient commencé à se normaliser depuis 2019, après l’élection du président congolais Felix Tshisekedi. En effet, les autorités de Kinshasa incriminent Kigali d’incursion sur son territoire pour y soutenir le M23, majoritairement constitué de tutsis congolais. Le gouvernement rwandais accuse quant à lui, son voisin de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une rébellion de hutus qui s’étaient réfugiés dans la province du Nord-Kivu en RDC après le génocide de 1994.
Ce que la RDC reproche au Rwanda
Alors que des affrontements se déroulent désormais entre l’armée congolaise et les combattants du M23 à une vingtaine de kilomètres de Goma, au Nord-Kivu, Kinshasa pointe du doigt l’implication de Kigali. Le pays de Felix Tshisekedi en veut pour preuve les deux soldats rwandais capturés ce samedi 28 mai à l’intérieur du territoire congolais. Les rebelles supposés être soutenus par le Rwanda se sont, plus d’une fois, attaqués à l’armée de Kinshasa. Combats qui ont causé plusieurs déplacés internes côté congolais. Rutshuru et Nyiragongo, deux territoires frontaliers au Rwanda, se sont presque vidés. Selon les Nations-Unies, les violents combats dans le secteur de Rutshuru, près de la frontière rwandaise, ont déjà poussé plus de 70.000 civils à fuir la zone.
La présence de forces rwandaises en RDC n’est plus un fait nouveau pour les habitants de la zone. La société civile, l’opposition politique et les mouvements citoyens ont constamment dénoncé une incursion de Kigali au Nord-Kivu. Les uniformes de l’armée rwandaise, et les armes retrouvées sur le terrain sont en effet des preuves irréfutables pour Kinshasa. « Nous pensons que le M23 ne peut pas disposer de l’arsenal militaire comme celui qu’on trouve chez lui sur le terrain des opérations. D’où, la cristallisation de nos soupçons sur le Rwanda » a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Conclusion, Kinshasa accuse Kigali d’armer le M23 pour déstabiliser l’Est et continuer de se fournir en minerais congolais, notamment en or. Car des voix s’élèvent et affirment que le Rwanda exporte plus de l’or qu’il n’en produit.
La réponse de Kigali
Dans une déclaration de sa porte-parole Yolande Makolo, le gouvernement rwandais a nié toutes les accusations congolaises. Kigali qui dément toute action militaire en RDC, évoque plutôt que deux de ses soldats ont été enlevés par les FDLR et gardés en captivité à Kinshasa. « Alors qu’il serait légitime que le Rwanda réponde aux attaques répétées des FARDC sur son territoire, il n’est pas impliqué dans les combats en cours », affirme Kigali, avant de qualifier ces affrontements de « conflit intra-congolais ».
Selon les autorités rwandaises, ces soldats ont été capturés à la frontière. Par contre, l’armée congolaise soutient qu’ils ont été arrêtés à l’intérieur du territoire congolais. Du coup, le Rwanda dénonce la collaboration de l’armée congolaise avec les FDLR, un groupe armé en lutte contre le pouvoir de Paul Kagame. « Les FDLR sont un groupe rebelle composé des cerveaux restants du génocide de 1994 contre les Tutsi qui, à différents moments, ont comploté des attaques éclair au Rwanda », a rappelé la porte-parole.
« Nous appelons les autorités de la République démocratique du Congo qui travaillent étroitement avec ces groupes armés génocidaires à obtenir la libération des soldats des RDF », a ainsi affirmé les autorités rwandaises.
Les mesures prises par les deux gouvernements
Dans la foulée, la suspension immédiate des vols rwandais à destination RDC et la convocation de l’ambassadeur Vincent Karega par le ministère des Affaires étrangères ont été les décisions prises par la RDC. En réplique, Rwand’Air a annoncé l’annulation de tous ses vols à destination de Kinshasa, Goma et Lubumbashi.
L’intervention de l’Union Africaine
Ce dimanche, le président sénégalais, par ailleurs président de l’union africaine s’est dit préoccupé par la crise entre les deux pays. Il les invite à recourir au dialogue afin de résoudre pacifiquement les conflits. « Je suis gravement préoccupé par la montée de la tension entre le Rwanda et la RDC. J’appelle les deux pays au calme et au dialogue pour la résolution pacifique de la crise avec le soutien des mécanismes régionaux et de l’Union africaine », a-t-il indiqué.
Les relations qui étaient très compliquées entre les deux pays, se sont apaisées ces dernières années, surtout en 2019 dès l’arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir. Cependant la renaissance des attaques des rebelles du « Mouvement du 23 mars », plus communément appelés M23, nourrie des crispations.