Selon un rapport assigné au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, il est possible que les populations du Tigré soient victimes des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Et ce, pendant le conflit en cours entre le gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles tigréens depuis novembre 2020.
Dans le rapport de la commission onusienne rendu public ce lundi, les trois experts mettent l’accent sur les restrictions imposées à la population du Tigré par les autorités fédérales éthiopiennes. Il s’agit particulièrement de l’accès aux services de base et à la nourriture.
« Au Tigré, le gouvernement fédéral et ses alliés ont refusé à environ 6 millions de personnes, l’accès aux services de base, à la nourriture, aux soins de santé et à l’aide humanitaire pendant plus d’un an ». Cet état de chose a fortement « un impact dévastateur sur la population civile », fait constater les experts.
En effet, dans ce Tigré, une région presque coupée du monde depuis bientôt deux ans, en dehors de la faim, c’est le manque de médicaments dans les hôpitaux qui représente une menace pour les populations. Sans oublier l’impossible accès à l’électricité, aux carburants, aux télécommunications et aux services bancaires.
« Nous avons des motifs raisonnables de croire que cela équivaut à un crime contre l’humanité ». « Nous avons également des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral utilise la famine comme méthode de guerre », a déclaré Kaari Betty Murungi, présidente de ladite commission. Elle appelle par ailleurs le gouvernement d’ Abiy Ahmed à « rétablir immédiatement les services de base », tout en invitant les antagonistes, y compris les forces tigréennes, à « veiller à ce que les agences humanitaires puissent opérer sans entrave ».
Exhortation
Pour finir les experts recommandent au gouvernement fédéral mais aussi aux autorités érythréennes et tigréennes de faire en sorte que les auteurs des exactions soient jugés. Ils invitent également les instances internationales et régionales à « prendre les mesures qui permettront de restaurer la paix, la stabilité et la sécurité et éviter de nouvelles violations » des droits humains.