Censé jeter les bases d’une nouvelle vie politique et sociale au Tchad, le dialogue national dit inclusif et souverain n’a pas tenu la promesse des fleurs. Les conclusions qui en sont issues, sont en effet, largement contestées par une cinquantaine de structures politiques et associatives qui dénoncent un passage en force sur bien des décisions.
Ouverts le 20 août 2022, la cérémonie de clôture du Dialogue National inclusif et souverain a eu lieu ce samedi 08 octobre, soit soixante-douze heures après la fin des travaux. 45 jours durant, les Tchadiens se sont réunis pour élaborer la feuille de route à suivre pour les prochaines années. Au nombre des conclusions issues de ces assises: la prolongation de 24 mois de la durée de la transition avec le maintien de Mahamat Idriss Déby à sa tête et la possibilité pour les acteurs de cette transition, notamment le général Mahamat Idriss Déby, de se présenter aux prochaines élections. Mais force est de constater que ces recommandations ne font pas l’unanimité au sein de toutes les sensibilités.
Mahamat Déby, investi président de la transition
Alors qu’il avait promis une transition de 18 mois pour céder le pouvoir aux civils démocratiquement élu, Mahamat Déby a été investi, président d’une nouvelle transition de deux ans. C’est du moins, l’une des conclusions du dialogue national inclusif souverain. Cette étape franchie, conforte bien les frondeurs du dialogue dans leurs positions. En effet, les travaux avaient été boycottés par une très grande partie de l’opposition et de la société civile, ainsi que par deux des plus puissants mouvements rebelles armés. Ces derniers dénoncent une « succession dynastique » au pouvoir.
Mahamat Déby, candidat aux prochaines élections
Une autre mesure phare du dialogue est la possibilité donnée aux militaires qui assurent la transition, notamment Mahamat Déby, de se présenter aux prochaines élections. Cette résolution augure d’un scénario préétabli pour le pays. Plusieurs Tchadiens ont en fait déploré que le dialogue sert juste de canal pour faire passer les décisions du fils Déby. Après que le père a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30ans, le destin des Tchadiens se trouve aujourd’hui entre les mains du fils, qui s’apprête à briguer une mandature.
Pourtant, la charte africaine de démocratie stipule que « les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique, ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions politiques de leur Etat ». C’est d’ailleurs dans ce contexte que l’Union africaine (UA) avait exigé le 19 septembre dernier que la junte ne prolonge pas les 18 mois de transition. L’institution a aussi « rappelé sans équivoque qu’aucun membre du Conseil militaire de transition ne pourra être candidat aux élections à la fin de la transition ».
Président du Conseil Militaire de Transition, à la tête de quinze généraux depuis la mort de son père en avril 2021, Mahamat Idriss Déby était adoubé par la communauté internationale, l’Union Africaine sans oublier la France. Tandis que les militaires comme lui, subissent dans de similaires circonstances, les représailles de ces mêmes organisations.