Depuis mardi 22 mars, le président guinéen de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, a donné le coup d’envoi des assises nationales. Dénommées ” Journées de vérité et de pardon”, lesdites assises visent principalement à réconcilier les Guinéens et s’étendront sur six semaines.
Ces journées se tiennent du 22 mars au 29 avril sur l’ensemble du territoire avec toutes les forces vives de la nation. A Conakry, dans la salle Mohamed V du palais de la République, différentes personnalités se sont réunies pour écouter le discours solennel du président de la transition. Ce dernier, initiateur de ces rencontres, se veut rassembleur. « J’ai tenu à l’organisation de ces assises nationales dénommées ” Journées de vérité et pardon” pour donner une occasion historique et unique aux Guinéens de se regarder en face, les yeux dans les yeux, et de se parler franchement à cœur ouvert, cette fois-ci », a indiqué le colonel Doumbouya dans son discours inaugural.
Ainsi, selon la junte au pouvoir, toutes les questions qui freinent le développement du pays seront abordées. En fait, deux ans après le double scrutin contesté du 22 mars 2020, le colonel Mamadi Doumbouya invite tous les guinéens à tourner la page et à penser au développement du pays. « Chacun de nous ici dans ce pays a subi des brutalités, les plaies sont là, béantes. Il est temps qu’on les nettoie, qu’on y apporte des pansements », a-t-il affirmé.
Le boycott de l’opposition guinéenne
Par ailleurs, plusieurs partis politiques ont décidé de boycotter lesdites assises. Considérant qu’il n’y a pas eu assez d’informations autour de ces rencontres. Le 18 mars dernier, quelque douzaine d’ONG et des acteurs de la société civile guinéenne ont prévenu les autorités sur la tenue de ces assises. « Etant donné le manque de clarté du concept des Assises Nationales, peut-on lire dans ce document, l’imprécision de ses termes de référence par ceux qui les instituent, nous exprimons nos craintes légitimes quant à la réussite d’une réconciliation vraie et sincère à travers les Assises Nationales telle que recommandée par ses initiateurs. Ne désirant pas servir de cautions en nous associant à des événements aux objectifs indéfinis et imprécis, nous tenons à exprimer des exigences que nous posons pour notre participation effective à ces Assises », note-t-on dans leur déclaration.
Un évènement du coup assez critiqué. A cet effet, il est vrai que le président de la transition avait annoncé dans son discours du nouvel an que ces assises se tiendraient « à la fin du premier trimestre 2022 ». Cependant, c’est seulement il y a moins de deux semaines que le gouvernement a annoncé qu’elles s’ouvriraient ce mardi. Le colonel Mamadi Doumbouya lance à propos : « Les assises nationales sont au-dessus de toutes les considérations politiques, ethniques, religieuses de notre nation », a ajouté le président de la transition, appelant les acteurs politiques, culturels et religieux à s’impliquer dans le processus des assises « pour conférer à cet événement toute la réussite qu’il mérite ».
Des rencontres sont prévues dans le cadre de ces assises dans toutes les préfectures du pays sous la supervision du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation qui pilote l’évènement.
En outre, rappelons que ce n’est pas la première fois que des gouvernants entreprennent des assises de réconciliation dans le pays. Mais jusque là, elles n’ont jamais abouti. En 2016, le président Alpha Condé avait créé une commission provisoire de réflexion sur la réconciliation nationale. Les recommandations de ces assises sont publiées dans un rapport de 243 pages en juin 2016.
Aussi faut-il notifier que le 5 septembre 2021, le pays a connu un coup d’Etat, lorsqu’une élite de l’armée guinéenne, le Groupement des Forces Spéciales (GFS) s’empare du palais présidentiel et capture le président Alpha Condé au pouvoir depuis 2010. Dès lors, une a junte militaire prend le pouvoir sous le nom de le Comité nationale du rassemblement pour le développement (CNRD), présidé par le colonel Mamadi Doumbouya.
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