Ce samedi 30 avril, le chef de la junte militaire à Conakry s’est adressé à la nation guinéenne. A l’occasion, il a annoncé avoir opté pour une durée de transition « de 39 mois » avant de rendre le pouvoir aux civils. Mamady Doumbouya défie ainsi les organisations régionales qui demandent un délai plus court.
Alors que l’ultimatum de la cedeao à la Guinée et au Burkina pour présenter un calendrier acceptable de la transition afin de rendre le pourvoir aux civils, a expiré le 25 avril dernier, le lieutenant-colonel de la Guinée a annoncé ce samedi que la durée la de transition guinéenne est fixée à 39 mois.
« De toutes les consultations engagées à tous les niveaux (…), il ressort une proposition médiane d’une durée consensuelle de la transition de 39 mois », a déclaré le colonel Mamady Doumbouya dans une adresse télévisée à la Nation ce samedi 30avril.
Le chef de la junte militaire au pourvoir a tenu ces propos à l’issue de consultations politiques boycottées par de très nombreux partis : les assises nationales dites de réconciliation et un cadre de concertation inclusif qui ont tous les deux pris fin, vendredi. En conséquence, le gouvernement soumettra au Conseil national de la transition (CNT), «qui tient lieu de Parlement cette proposition qui est consécutive à de larges et patientes consultations», a précisé le colonel Doumbouya.
Une décision fortement critiquée
Par ailleurs, la décision de la durée de la transition fixée à 39mois est fortement critiquée et même rejetée par l’opposition guinéenne. En effet, un communiqué du parti du président déchu, publié dimanche stipule que « Le RPG et Partis Alliés, informent la communauté nationale et internationale, que sa coalition ainsi que d’autres partis politiques non des moindres, représentant régulièrement plus de 92% des suffrages exprimés lors des élections locales et nationales dans notre pays, n’ont été ni de près ni de loin associés au processus ayant abouti à l’élaboration de ce chronogramme ».
D’autres coalitions à l’instar du Front national de défense de la constitution (FNDC) ont rejoint le parti d’Alpha Condé. Ainsi, le Front national de défense de la constitution (FNDC) a indiqué que le processus évoqué par le Colonel Mamadi Doumbouya duquel provient sa décision a été « sélectif, partiel et parcellaire ». C’est pourquoi ils exigent un cadre de dialogue inclusif sous la coordination des instances régionales. « Le RPG et Partis Alliés, rejettent ledit chronogramme et exigent la mise en place d’un Cadre de Dialogue Inclusif avec la participation d’un médiateur désigné par la communauté internationale, pour définir un chronogramme consensuel conformément à l’article 77 de la charte de la transition », a écrit, dimanche, l’ancien parti au pouvoir.
En outre, considérant que la durée de 39mois a été prise à l’unanimité et de manière consensuelle, le colonel Doumbouya a rappelé dans son discours. « C’est la volonté de la majorité qui tranche les contradictions, de même que celle du peuple souverain a vocation à rallier tous et à s’imposer à tous ».
La cedeao déçue ?
Depuis le 05 septembre où les militaires ont pris le pourvoir après un putsch, la cedeao avait demandé un calendrier de la transition afin de rendre le pouvoir aux civils à travers des élections. Mais rien n’a été fait depuis lors par la junte dans ce sens. Le 25 mars dernier, la cedeao qui s’impatientait devant leur refus d’obtempérer, avait sommé les autorités de Conakry de lui présenter « au plus tard le 25 avril » un calendrier de transition « acceptable », sous peine d’une extension des sanctions économiques décidées contre le pays après le coup d’Etat. L’ultimatum étant arrivé à expiration, la junte avait demandé à « avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril », afin de « permettre la poursuite des consultations », selon un communiqué de la Cedeao publié mercredi 27 avril dernier.
Jusque là on attend la décision de l’organisation régionale. En tout cas, la Guinée et le Burkina Faso (puisque les autorités de Ouagadougou ont affirmé qu’elles n’entendaient pas écourter le calendrier de trois ans qu’elles ont retenu avant de rendre le pouvoir à des civils élus) risquent de rejoindre le Mali.