Les autorités burkinabés ont demandé à celles françaises de remplacer Luc Hallade, l’actuel ambassadeur français à Ouagadougou. C’est ce qui ressort du courrier officiel adressé par la ministre burkinabè des Affaires étrangères, Olivia Rouamba au Quai d’Orsay fin décembre dernier, selon Jeune Afrique.
Les autorités de transition du Burkina Faso ont demandé le départ du pays de l’ambassadeur de France Luc Hallade. Cette demande intervient dans un contexte de profondes tensions entre la France et le Burkina Faso. «C’est une crise de confiance. Ce n’est pas la fin de la relation diplomatique mais c’est l’interlocuteur que nous demandons simplement de changer», a indiqué à l’Agence d’Informations du Burkina Faso, une source proche du dossier.
Pour l’heure, l’on n’en sait pas plus sur les motifs qui sous tendent la requête des autorités burkinabé. Mais pour plusieurs analystes, cette brouille diplomatique serait en rapport avec une lettre envoyée par Luc Hallade aux ressortissants français de Koudougou le 12 décembre 2022. Dans ladite missive Luc Hallade demandait en effet, aux ressortissants français vivant dans la ville de Koudougou (à environ 100 km à l’ouest de Ouagadougou) à quitter cette ville pour des raisons de sécurité.
Une brouille diplomatique de longue date
En outre, lors d’un entretien avec le groupe d’amitié France -Afrique de l’Ouest au sénat français en juillet dernier, Luc Hallade avait qualifié la situation sécuritaire au Burkina Faso de guerre civile en minimisant les efforts des Forces de défense et de sécurité burkinabé dans la lutte contre le terrorisme. Ce que les burkinabé n’ont pas aimé.
De plus, l’expulsion de Luc Hallade intervient moins de deux semaines (23 décembre 2022) après que la coordinatrice résidente et humanitaire des Nations unies au Burkina Faso, Barbara Manzi, a également été déclarée persona non grata. Sans oublier que le 18 décembre, deux citoyens français avaient été interpellés et expulsés du territoire burkinabé pour activités d’espionnage des forces de défense et de sécurité.
Par ailleurs, selon un communiqué officiel en date du 03 décembre 2022, le gouvernement burkinabè a décidé la suspension jusqu’à nouvel ordre, de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur toute l’étendue du territoire national arguant « des manquements » constatés dans le travail du média français.
Depuis peu, un sentiment antifrançais grandissant s’exprime dans les rues des villes de Burkina Faso. Ayant surfé sur cette vague antifrançaise et ces mouvements pro-Russie pour réussir son putsch le 30 septembre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré se laisse davantage inspirer par le colonel Assimi Goïta.
Après la République centrafricaine et le Mali, la présence française est carrément devenue gênant au Burkina Faso. A l’allure où se déroulent les évènements, l’ancienne puissance coloniale sera poussée vers la sortie ; ça sent la rupture.