Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont levé, hier dimanche 03 juillet, les sanctions économiques et financières imposées au Mali. Ils ont aussi accordé au Burkina Faso une durée de transition de 24 mois avant un retour des civils au pouvoir, à compter du 1er juillet 2022. Et ont, par la même occasion, ouvert la voix au dialogue en Guinée Conakry. C’est à l’issue du 61è sommet de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO tenu à Accra ce dimanche.
Subissant les sanctions économiques infligées par la CEDEAO depuis le 09 janvier dernier, le Mali peut désormais pousser un ouf de soulagement. L’organisation régionale vient d’alléger les mesures de rétorsion en faveur du pays dont Assimi Goîta a pris les rennes à l’issue du coup d’Etat réussi le 24 mai 2021. « Le sommet a décidé de lever toutes les sanctions économiques et financières à partir de ce jour », a déclaré lors d’une conférence de presse Jean-Claude Kassi Brou, président sortant de la Commission de la Cédéao.
Ainsi, ce dimanche à Accra, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation ouest-africaine ont décidé de la réouverture des frontières aériennes et terrestres du Mali avec les autres pays membres de la CEDEAO. « Ils ont également décidé que les sanctions prises en termes de rappel des ambassadeurs des pays membres de la CEDEAO, soient également levées, donc les ambassadeurs pourront rentrer à Bamako, au Mali », a ajouté Jean-Claude Kassi Brou ».
Cependant, le rêve de la junte d’adopter une loi électorale qui permette aux militaires de se présenter à l’élection présidentielle n’a pas été une réalité. « Les chefs d’Etat ont précisé que conformément à la charte, les militaires de la junte ne peuvent pas être candidats à l’élection présidentielle », insiste-t-il.
Par ailleurs, les autres restrictions maintenues à l’endroit du Mali au terme de ce sommet, sont les sanctions financières ciblant la junte malienne au pouvoir. De même, la suspension du Mali des instances de la CEDEAO jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, reste en vigueur. A noter que ces dernières semaines, les autorités maliennes ont annoncé un calendrier assez acceptable du processus électoral. Ainsi, un référendum constitutionnel est prévu pour le 19 mars 2023, des élections législatives, pour le 29 octobre 2023 et le scrutin présidentiel est pour le 4 février 2024 selon la junte.
Burkina-Faso, la durée de transition fixée à 24 mois
Les dirigeants ouest-africains se sont également penchés sur la durée de transition au Burkina-Faso et ont levé toutes les menaces de sanctions qui pesaient sur ce pays. Ainsi, ledit sommet a fixé à 24 mois, le règne des militaires au pouvoir, à partir du 1er juillet dernier, alors que l’équipe dirigeante jusqu’alors, l’avait estimé à 36 mois. « Sur le Burkina Faso, nous avons demandé à la junte de revoir sa copie. Elle demandait 36 mois. Aujourd’hui tout le monde est d’accord que c’est 24 mois de transition à compter du 1er juillet 2022 », a assuré à l’AFP un participant au sommet sous couvert de l’anonymat.
Quid de la situation de la Guinée Conakry
À la suite de la levée des sanctions économiques contre le Mali et le Burkina-Faso, la CEDEAO a décidé d’ouvrir la voix du dialogue avec Conakry en écartant pour le moment le spectre des sanctions, même si la Guinée demeure toujours suspendue de ses instances. De ce fait, l’ancien président du Bénin, Thomas Boni Yayi a été désigné comme médiateur, pour concilier les positions entre l’organisation sous-régionale et l’équipe de Mamadi Doumbouya. Il a ainsi pour responsabilité de calmer les ardeurs et de réussir à établir un calendrier acceptable de la transition, ceci en collaboration avec les militaires aux commandes dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest. Les autorités guinéennes ont jusque là, proposé 39 mois pour la transition, ce que les dirigeants de la cédéao rejettent. Vivement que Boni Yayi y arrive, car le choix de Boni Yayi est intervenu alors que les autorités militaires de Conakry avaient déjà rejeté celui de Ibn Chambas, pour assurer la médiation dans le pays.
Cette 61ème session de la CEDEAO a en outre permis à l’organisation sous-régionale de se doter d’un nouveau président. Il s’agit du Bissau-Guinéen, Umaro Sissoko Emballo.