Le chef de l’État sénégalais Macky Sall a été nommé ce samedi à la présidence de l’Union africaine. Un mandat qui ne sera pas forcément aisé car, intervenant dans un contexte où l’Afrique de l’ouest est marquée par une vague de coups d’État. Sans oublier l’épineuse préoccupation du terrorisme dans le sahel et bien d’autres défis que le continent se doit de relever.
Macky Sall prend les rênnes de l’Union africaine. La cérémonie d’investiture a eu lieu ce samedi 05 février au cours de la 35è session ordinaire du sommet de l’institution dans la capitale éthiopienne à Addis-Abeba.
En effet, créée en 2002, l’Union africaine est composée de 55 États membres et œuvre pour la promotion de la paix, de la démocratie et le développement économique et social sur le continent.
Cependant, avec les coups d’État perpétrés çà et là en Afrique de l’ouest, le boycott des décisions des institutions régionales par les populations, la lutte contre le terrorisme et la pandémie de la COVID-19, le président sénégalais a du pain sur la planche.
Un mandat avec de grands défis
Macky Sall prend le relais après Félix Tshisekedi et va donc assurer la présidence de l’institution continentale pour les douze prochains mois. Son discours assez convaincant recentre les majeures préoccupations et défis que le continent se doit de relever dans de brefs délais. « … Nos défis restent nombreux et pressants ; qu’il s’agisse de la paix et de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme, de la protection de l’environnement, de la santé et du développement économique et social. » a reconnu le président sénégalais.
Face à l’actualité politique en Afrique de l’Ouest, avec le renversement des régimes démocratiques, Macky Sall souligne que « la recrudescence des coups d’Etat constitue une atteinte majeure à la démocratie et à la stabilité institutionnelle sur le continent. » Et pour pallier à ce phénomène, le chef d’Etat du pays de la teranga propose une culture de dialogue telle que préconisée par nos ancêtres. « Les antagonismes dispersent nos efforts et nous retardent sur le chemin du développement. Le bon sens commande de faire taire les armes et construire une culture de dialogue et de concertation dans le cadre des mécanismes africains de résolution des conflits. » affirme-t-il avant de regretter les nombreux dégâts occasionnés non seulement par ces mouvements putschistes mais aussi par le terrorisme qui sévit dans le sahel. « Nous ne pouvons détourner nos regards de toutes ces vies perdues, ces familles endeuillées, ces millions de personnes déplacées ou réfugiées, ces écoles et structures de santé fermées et ces cohésions sociales désintégrées ». Il en appelle à une prise de conscience collective pour que règne la paix et la sécurité sur le continent. « J’appelle à un examen de conscience pour réaliser la paix des braves afin de mieux nous consacrer aux autres urgences qui nous préoccupent. »
En matière de santé, le nouveau président de l’Union Africaine évoque l’épineuse question de riposte contre la COVID-19, la tuberculose, le VIH/SIDA, le paludisme et surtout le cancer. Ce dernier étant « un tueur silencieux qui cause près de 20 millions de décès par an dans le monde, dont plus de 700 000 en Afrique » selon Macky Sall. Malheureusement le continent ne dispose d’aucuns moyens pour une lutte efficace. « 40 % de nos pays ne disposent d’aucune unité de traitement par radiothérapie. » regrette-t-il à cet effet en invitant les Etats africains à adhérer à l’initiative ‘’Rays of hope’’, Rayons de l’espoir. « En réponse à cette situation préoccupante, l’Agence internationale de l’Energie a lancé l’initiative Rays of hope, Rayons de l’espoir, afin de soutenir les capacités des Etats membres, africains en particulier, dans la lutte contre le cancer, grâce aux technologies nucléaires, notamment l’imagerie médicale, la médecine nucléaire et la radiothérapie. J’encourage vivement nos pays à appuyer la campagne Rays of Hope de l’AIEA qui contribuera à la réalisation des ODD et de l’Agenda 2063 »
‘’L’Afrique dispose du potentiel nécessaire pour assurer les conditions de son émergence.’’
Sur le plan économique, le chef d’Etat sénégalais est convaincu que le continent noir est capable de se développer grâce à ses ressources naturelles. « Nos urgences sont aussi économiques. L’Afrique continue d’accuser du retard dans le domaine du développement malgré ses énormes potentialités : 30 millions de km2 ; plus d’un milliard trois cents millions d’habitants ; d’importantes réserves en eau et hydrocarbures ; 60% des terres arables non exploitées du monde ; 40% des réserves d’or ; 85 à 95% des réserves de métaux du groupe du chrome et du platine ; 85% des réserves de phosphates ; plus de 50% des réserves de cobalt et un tiers des réserves de bauxite. » indique-t-il. « C’est dire qu’en dépit de ses handicaps, l’Afrique dispose du potentiel nécessaire pour assurer les conditions de son émergence » a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, le président sénégalais indique que l’Afrique que nous voulons construire dès à présent est une Afrique qui se veut d’assurer sa sécurité alimentaire. C’est d’ailleurs pourquoi, il se réjoui du thème dudit sommet proposé par le président ivoirien Alassane Ouattara « Bâtir une résilience en matière de sécurité nutritionnelle sur le continent africain : renforcer les systèmes agro-alimentaires et les systèmes de santé et de protection sociale pour accélérer le développement socio et économique et du capital humain ».
Un thème qui rappelle selon le nouveau président de l’UA « l’urgence de réaliser notre souveraineté alimentaire en produisant plus et mieux dans l’agriculture, l’élevage et la pêche par : – la modernisation de nos outils et méthodes de production, de conservation et de transformation ; l’amélioration des intrants, la maitrise de l’eau, le développement des chaines de valeurs et la facilitation de l’accès aux marchés » rassure-t-il.
Et quand on parle de développement social, Macky Sall reconnait que « L’Afrique émergente c’est aussi l’Afrique qui compte pleinement sur ses forces vives : les jeunes et les femmes ». Il met l’accent sur la nécessité de placer les jeunes au cœur des politiques de développement du continent. « Les jeunes doivent rester au centre de nos politiques publiques, parce qu’ils forment la majorité de notre population, et que nous ne pourrons tirer avantage du dividende démographique que si notre jeunesse reçoit l’éducation et la formation adéquates qui la préparent à la vie active » a-t-il affirmé à la tribune de l’Union Africaine. En outre, à côté des jeunes, les femmes continueront de jouer un rôle prépondérant dans ce décollage économique de l’Afrique souligne Macky Sall. La situation de la femme africaine préoccupe ainsi le nouveau président de l’Union Africaine qui annonce une lutte contre les traitements dont sont victimes ces dernières. « La condition féminine nous interpelle, parce que les femmes constituent l’autre moitié du continent. L’Afrique ne peut se développer quand des millions de femmes et de filles continuent de subir des traitements violents, inégalitaires et discriminatoires »
Une présidence avec un très fort potentiel
Le chef d’Etat sénégalais, Macky Sall a ainsi décliné l’agenda qui l’attend à la tête de cette organisation, pour les 12 prochains mois. Il réitère néanmoins sa volonté à travailler avec tous les Etats membres pour la réussite de son mandat. Car,« Ensemble, nous pourrons apporter une nouvelle pierre à l’édifice continental de nos rêves : une Afrique en paix, plus libre, plus unie et plus solidaire. Une Afrique debout et en marche vers plus de progrès et de prospérité » a indiqué Sall
Le président Macky Sall a la tête de l’Union Africaine, cet état de chose était très attendu et suscite déjà un espoir sur le continent. Car le pays de la Teranga est d’abord un modèle de stabilité et d’alternance démocratique. Ensuite, le président Macky Sall lui-même s’illustre comme une voix forte, écoutée tant par les Africains que par leurs partenaires internationaux.