Depuis ce jeudi 30 juin 2022 jusqu’à hier dimanche 03 juillet, des centaines de soudanais sont descendus dans les rues pour manifester contre le régime militaire aux commandes. Ils exigent un retour des civils au pouvoir. Ces protestations ont déjà fait neuf morts dans le rang des manifestants.
Chaque semaine dans les rues des grandes villes du Soudan, plusieurs centaines de manifestants sortent pour exprimer leur ras-le-bol contre le régime militaire aux commandes. Ces quatre derniers jours, les manifestations ont enregistré leur score le plus meurtrier, depuis le début de l’année : au moins neuf personnes ont en effet été tuées à Khartoum, la capitale du Soudan dans ces manifestations jeudi dernier selon le Comité des médecins du Soudan, un groupe médical qui surveille les victimes des manifestations. Ledit comité a déclaré que les forces de sécurité ont tiré et tué neuf personnes, dont un enfant, à Khartoum ou dans ses environs, pendant les rassemblements de jeudi.
Il s’agit des foules immenses qui ont convergé en direction du palais présidentiel, mais qui se sont heurté à un déploiement massif des forces de sécurité qui verrouillaient le centre-ville. Leur mot d’ordre était : « Le peuple veut la chute du général Abdel Fattah Al-Bourhane ». Ce dernier est l’auteur du dernier coup d’Etat qui a plongé en octobre 2021, le Soudan dans une violence et une crise économique sans précédent.
Ainsi, les groupes de protestataires réclamant le retour à un régime démocratique ont déclaré qu’ils organiseraient une campagne illimitée de sit-in et d’autres actions pacifiques en réponse à ces décès. La police soudanaise, pour sa défense, a accusé les protestataires de violences et d’incendies tout en faisant état de plus de 200 blessés dans les rangs des forces de l’ordre.
Vendredi malgré tout, dans la banlieue nord-est de Khartoum, les manifestants ont érigé des barricades et barré des routes avec des pneus enflammés. En riposte, les forces de sécurité ont de tiré des gaz lacrymogènes contre ces centaines de personnes. Le même scénario s’est répété dans la journée du samedi où les manifestants ne comptent pas s’arrêter sans avoir eu satisfaction. « Même si on doit tous mourir, les militaires ne nous gouverneront pas », criait fortement la foule. Ce dimanche encore, le mouvement de contestation était d’une grande ampleur, malgré la répression des trois derniers jours.
Le haut-commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU Michelle Bachelet a condamné ces violences et réclamé une « enquête indépendante », estimant que « les victimes, les survivants et leurs familles ont droit à la vérité, à la justice et à la réparation ».
Depuis le 25 octobre 2021, le Soudan est plongé dans la violence, à la suite du putsch militaire organisé par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane. Ces violences ont déjà fait au total 114 manifestants, tous tués par les forces de l’ordre qui font usage de balles réelles. Des milliers de blessés sont aussi à déplorer.