Les autorités de la transition malienne affirment avoir déjoué un coup d’Etat dans la nuit du 11 au 12 mai 2022. Sept officiers et sous-officiers sont déjà incriminés à cet effet. Cette tentative de putsch, si elle était confirmée, pourrait-elle être l’illustration de désaccords au sein des FAMA (Forces Armées Maliennes)
« Dans le dessein malsain de briser la dynamique de refondation du Mali, un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes maliens a tenté un coup d’Etat dans la nuit du 11 au 12 mai 2022 », dit le communiqué, lu en soirée de ce lundi 16 mai à la télévision d’Etat par le porte-parole du gouvernement.
« La tentative a été déjouée grâce à la vigilance et au professionnalisme des forces de défense et de sécurité », poursuit-il, avant d’ajouter que les personnes interpellées seront remises à la justice.
Cette nouvelle a surpris plus d’un, car jusqu’à ce lundi, aucune fuite d’information n’a fait mention d’un coup d’Etat déjoué dans le pays. Le communiqué non plus ne donne quasiment aucune précision sur ce qui se serait réellement passé. Aucun nom, aucun grade, aucun corps de l’armée, ni aucune précision sur les actes qu’auraient posé ces officiers et sous-officiers. Il fait état d’interpellations sans plus de détails et précise que les contrôles ont été renforcés aux sorties de la capitale Bamako et aux frontières.
Des officiers et sous officiers aux arrêts
En outre, « Le gouvernement de la République du Mali condamne avec la dernière rigueur cette indigne atteinte à la sécurité de l’Etat dont l’objectif visé est d’entraver, voire annihiler les efforts substantiels de sécurisation de notre pays et le retour à un ordre constitutionnel, gage de paix et de stabilité », ajoute le communiqué.
Ainsi, selon plusieurs sources des militaires impliqués dans cette tentative de coup d’État ont été arrêtés. Et d’autres interpellations seraient encore en cours. Il s’agit du colonel Amadou Keita, réputé proche de la junte (CNT), Baba Ahmed Ag Ahmeida (CMA), le sous-lieutenant Moussa Kodio ABC (armes blindées, cavalerie), le capitaine Drissa Koné (infanterie), le lieutenant Mohamed Samaké (infanterie), l’adjudant Sidiki Traoré (sécurité militaire) et le sergent-chef Amadou Diallo.
Etat occidental
Par ailleurs, le communiqué du gouvernement malien indique que « Ces militaires étaient soutenus par un Etat occidental ». Ici aussi aucun Etat n’est nommé mais ce genre d’accusation devient fréquent. Et vu l’antécédent entre Bamako et l’ancien colonisateur, on comprend très vite ce que Assimi Goïta et son gouvernement veulent dire.
Désaccords dans l’armée ?
A l’allure où vont les choses à Bamako, on pourrait affirmer sans risque de se tromper qu’il y a de voix dissonantes au sein de l’armée. En tout cas, à en croire les informations rapportées par RFI, « selon plusieurs sources sécuritaires, au sein de l’armée malienne, et judiciaires, les personnes arrêtées auraient été dénoncées, surtout pour avoir exprimé des désaccords et une forme de mécontentement : au sujet de la conduite des opérations militaires sur le terrain, et de certains changements au sein de la hiérarchie militaire ».
Ainsi, de plus en plus on se demande s’il y a réellement eu de coup d’Etat déjoué au Mali. Ne s’agirait-il pas d’un prétexte pour mener une purge dans l’armée.
Pour rappel, Bamako a été déjà deux fois successifs victime d’un coup d’Etat dans l’intervalle d’un an. Un autre coup d’État est suicidaire pour le pays.