Ce samedi 14 mai, la capitale tchadienne, N’Djamena a été le théâtre d’une manifestation anti française organisée par la plateforme d’opposition de la société civile Wakit Tamma. Les manifestants ont saccagé des stations-services du groupe pétrolier français Total et brûlé des drapeaux tricolores français, accusant l’ex colonisateur de soutenir la junte militaire au pouvoir.
Sur les pancartes, on pouvait lire : « Non à la France », « France dégage ». En effet, des centaines de personnes ont manifesté ce samedi au Tchad contre l’Hexagone, lui reprochant une ingérence dans les affaires du pays. Ainsi, au moins deux drapeaux de l’ancienne puissance coloniale avaient été brûlés et sept stations service du groupe pétrolier Total vandalisées. Selon nos informations, les manifestations ont également fait douze blessés, tous des policiers.
Lors de la marche à N’Djamena, plusieurs élèves et collégiens sur des motos ont rejoint les manifestants entonnant en chœur « La France dehors ». « Je manifeste parce que la France veut encore nous imposer le système Déby », a lancé un jeune lycéen. « Si nous continuons à souffrir aujourd’hui depuis l’indépendance, c’est par la faute de la France qui nous empêche d’être réellement indépendants », a renchéri Idriss Moussa, un enseignant arabophone, rapporte l’AFP.

Après ces manifestations, le pouvoir tchadien de transition a choisi la fermeté. « Ce qui s’est passé hier est extrêmement grave (…), les gens vont répondre de leurs actes », a rétorqué dimanche soir à la télévision nationale le ministre de la communication, Abderamane Koulamallah. Et au président de la transition de renchérir : « Il est temps que cela cesse. Il est temps que cessent également les allégations mensongères et sans aucun fondement qui circulent sur le redéploiement des forces françaises à l’intérieur du pays », a déclaré lundi dans une réunion sur la sécurité le général Mahamat Déby Itno, autoproclamé président de transition.
Cette situation a occasionné l’arrestation de « cinq responsables de la manifestation, gardés dans les locaux de la direction générale des renseignements généraux ». Ainsi, cinq cadres de l’opposition ont été inculpés et incarcérés lundi au Tchad notamment pour trouble à l’ordre public a annoncé le parquet de N’Djamena.
Pour rappel, le 20 avril 2021, l’armée annonçait que le président tchadien Idriss Déby Itno, à la tête d’un pouvoir très autoritaire depuis 30 ans, avait été tué au front contre une rébellion. Le même jour, son fils Mahamat Idriss Déby Itno avait été proclamé par l’armée président de la transition à la tête d’une junte composée de 15 généraux. Il promettait des «élections libres et démocratiques» après une transition de 18 mois, au terme d’un dialogue national inclusif avec les oppositions politique et armées. Très tôt, il a reçu le soutien de la France, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine alors qu’au Burkina et au Mali, ceux-ci sanctionnent les colonels putschistes au pouvoir dans des situations similaires.