La boologie : sens et portée endogène d’une science. Tel est le thème qui a fait objet de conférence ce samedi 26 mars 2022 à l’amphi Houdégbé du campus d’Abomey-Calavi. Elle était animée par le Docteur Raymond Assogba, Sociologue-Anthropologue ; maitre de conférence des universités du CAMES.
En dépit du fait que le Bénin est le berceau du vodùn, il peine encore à intégrer cette pratique au centre des politiques du développement. Pourtant plusieurs sources évoquent le bien qu’on pourrait y tirer. Fort heureusement, depuis quelques années, des professeurs d’université se sont appropriés les valeurs culturelles et cultuelles du pays et en ont inventé une discipline : la boologie.
Logiquement, la boologie est la science qui étudie le Boo (que le colon traduit par gris-gris). Docteur Raymond Assogba, le porte flambeau de cette science dira que « La Boologie est une panacée de l’existentialité béninoise ; elle traduit le rapport au sens qu’est l’histoire des hommes, des groupes, des villes et celle de leur occupation de l’espace sans omettre le rapport au temps des normes et valeurs ».
Dès lors, la boologie a pour objet d’étude le Vodùn, le Boo et le Fâ ; une trilogie autour de laquelle gravite les croyances traditionnelles béninoises. Par ailleurs le Boo, réalité typiquement béninoise est « d’abord un savoir, ensuite un savoir-faire, et surtout un pouvoir » selon le conférencier.
Ayant fait sa racine dans la tradition endogène béninoise considérée comme négative, la boologie est souvent mal perçue et fait objet de doutes. « Nous avons tenu cette conférence pour lever le doute sur la boologie en tant que science. Puisque c’est un africain et non un français ou encore un américain, les gens en doutent » a laissé entendre Dr Raymond Assogba.
Il faut noter que la Boologie est une science inventée par le Professeur Jean-Marie Apovo. Ce dernier a soutenu une Thèse d’Etat en France dont le titre est « Anthropologie du Boo. Théorie et pratique du gris-gris ». Décédé depuis 2016, son héritage est confié à son meilleur disciple Dr Raymond Assogba. Selon la conception de ces deux auteurs, la boologie est la porte de sortie du développement de l’Afrique.
Il affirme à cet effet : « La science de la Boologie dont l’initiateur est le Professeur Jean-Marie Apovo est la science qui pourra désormais libérer l’Afrique de ses exploiteurs et oppresseurs. Puisqu’il est question là d’une science dont le poumon est l’ensemble de nos valeurs culturelles, notamment le ‘’Bo’’ qu’on appelle le gris-gris. Le Professeur Apovo, avant sa mort, a réussi à démontrer à travers sa thèse que, la pratique du ‘’Bo’’ dans toutes ses dimensions est scientifique et est capable de sauver l’Afrique et ses fils. Et c’est justement ce que nous cherchons à perpétuer ».
En tout cas, à l’université d’Abomey-Calavi, cette science fait déjà partie d’un programme de formation pour les étudiants qui désirent acquérir des connaissances en la matière. Un laboratoire a été créé dans ce cadre. On parle du Laboratoire de Boologie et de l’Intégral du Développement (LaBooID). Ledit département reçoit l’appui du ministère de l’enseignement supérieur qui entend « mettre les valeurs endogènes au profit pour construire le développement » selon le Boologue.