Le procès de l’ex-commandant rebelle présumé de Centrafrique Mahamat Saïd Abdel Kani s’est ouvert ce lundi 26 septembre à la Cour pénale internationale à La Haye (CPI). Alors que sept chefs d’accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité sont retenus à son encontre, le mis en cause a choisi plaider non coupable durant toute l’audience.
Mahamat Saïd Abdel Kani, ancien chef rebelle de 52 ans est apparu devant la Cour vêtu d’un costume trois pièces gris foncé, chemise bleue ciel. Après une lecture préliminaire de l’acte d’accusation, l’accusé a affirmé avoir tout écouté mais plaide non coupable.
“Je plaide non coupable sur toutes les situations, sur toutes les accusations”, a déclaré l’ex-commandant présumé de la coalition rebelle à dominante musulmane Séléka devant le tribunal présidée par la juge Miatta Maria Samba.
Sept chefs d’accusations contre Saïd Abdel Kani
Saïd Abdel Kani fait face à sept chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis entre avril et août 2013 à Bangui lors de troubles civils en République centrafricaine. Sous ses ordres, de nombreux détenus soupçonnés de soutenir l’ancien président François Bozizé ou les anti-Balaka, sont maltraités, notamment en les soumettant à la méthode de torture dite “arbatachar” pour leur extorquer des aveux.
Des conditions de détentions affreuses et usages de pratiques inhumaines
Karim Khan est procureur général de la CPI. Il déplore des conditions de détentions qui ne reflètent aucun sens d’humanité.
« Les détenus étaient “traités, non comme des êtres humains, ni même comme des animaux, mais encore un cran en dessous. Une humanité éviscérée par les pratiques de l’accusé ».
Sur la base d’un mandat d’arrêt délivré en 2019, Mahamat Saïd Abdel Kani avait été remis en janvier 2021 par les autorités de Bangui à la CPI.
La Cour a partiellement confirmé fin 2021 les charges portées contre Saïd Abdel Kani, notamment les chefs de torture, de persécution, de traitement cruel et d’atteinte à la dignité des personnes.
Deux anciens chefs de guerre centrafricains, Patrice-Edouard Ngaïssona et Alfred Yekatom, qui dirigeaient des milices anti-balaka, sont actuellement aussi jugés par la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Séléka et anti-Balaka, deux groupes armés rivaux qui ont endeuillé la Centrafrique
La République centrafricaine, a été plongée en 2013 dans une guerre civile sanglante après un coup d’État qui a renversé le président François Bozizé.
Les combats ont opposé la coalition de groupes armés qui a renversé Bozizé, la Séléka, majoritairement musulmane, à des milices majoritairement chrétiennes et animistes soutenant le président, les anti-Balaka.
Les violences auraient fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon la CPI.