Un jour, Aurore Houèvi TOSSA a décidé de prendre son destin professionnel en main pour devenir une femme entrepreneure indépendante afin de ne pas trainer au chômage à la recherche d’un emploi après ses études. Quel a été le déclic ? Comment a-t-elle fait pour y arriver ? Elle nous fait partager ses expériences, son enthousiasme, ses idées et aussi ses doutes à travers son entreprise Aurorapearl. Bienvenue dans les coulisses de l’entrepreneuriat en Afrique.
Étudiante en deuxième année de kinésithérapie à la faculté des sciences de la santé à Cotonou, Aurore Houèvi TOSSA est une jeune femme dont le parcours inspire et donne envie de se surpasser pour réaliser ses rêves. Née à Agla dans le treizième arrondissement de Cotonou au Bénin, la jeune entrepreneure de vingt deux ans a très tôt découvert sa passion pour les perles et les pierres naturelles, un style typiquement africain. Dès lors, les confectionner pour en faire des colliers, des bracelets, des sacs, des chaussures, des baya de taille etc. est devenue sa raison de vivre sans pour autant négliger ses études. Voyant sa tante à l’œuvre dans ses plus jeunes âges, Aurore a fait sien ce quotidien en apprenant sur le tas, «je voyais ma tante le faire et cela m’excitait car c’était très joli» lâche-t-elle à cet effet. Cette attraction a poussé la jeune élève d’alors à se lancer juste avec le nécessaire dans une si belle aventure dont elle-même ignorait l’ampleur deux ans après. « J’ai commencé en terminale avec des bracelets personnalisés à base des cristaux », nous confie la jeune entrepreneure. Et comme toute bonne chose mérite qu’on s’y consacre en y donnant de toute son énergie, elle décide d’aller se faire former dans le domaine pour plus de professionnalisme. Ce professionnalisme la propulsa dans un univers si merveilleux qu’elle passe des nuits blanches à réaliser ses articles afin de satisfaire ses clients devenus désormais nombreux même au-delà des frontières africaines jusqu’en Europe. Une contrainte qui n’est rien comparé au plaisir qu’éprouve la créatrice de Aurorapearl et son épanouissement face à la satisfaction de sa clientèle « je veille après les cours pour livrer les commandes reçues mais ce n’est rien par rapport à la joie que je ressens quand la personne humaine est mise en valeur grâce à mes articles » a-t-elle laissé entendre. Par ailleurs, la jeune étudiante affirme une certaine indépendance vis-à-vis de ses parents quant à ses besoins personnels et plusieurs autres dépenses liées à ses études. « J’arrive à prendre mes photocopies en charge et beaucoup d’autres frais concernant mes études, ce qui soulage un peu mes parents » rassure Aurore Tossa. Et quand on parle de photocopie à l’université, il faut souligner que c’est un grand investissement qui demande beaucoup de ressources. Outre toutes ces dépenses, la jeune entrepreneure a souscrit à l’épargne chaque mois, ce qui lui permettra, dans les toutes prochaines années à élargir ses activités dans toute l’Afrique et même à l’occident. De par ses actions, la jeune femme de vingt-deux ans impacte non seulement le continent noir mais aussi les occidentaux dans le domaine de style vestimentaire à travers sa petite touche adoptée par plus d’un. Par contre les livraisons hors des frontières donne parfois du fil à retordre à la jeune entrepreneure compte tenu du montant exorbitant que coûte l’expédition des colis. Les pertes occasionnées par certains clients qui commandent les articles et qui ne s’y intéressent plus font aussi partie des difficultés auxquelles fait quotidiennement face Aurore Tossa. Toute chose qui ne ralentit point son élan vers l’objectif fixé : l’autonomisation, l’indépendance financière. Elle en profite pour lancer un cri de cœur.
L’invite de Aurore Tossa
En Afrique, le climat des affaires n’est pas du tout favorable pour les jeunes qui aspirent entreprendre. Ce qui explique une réticence des jeunes face à l’entrepreneuriat. Les quelques-uns qui se lancent et qui tiennent bon, sont en fait des ‘’dures à cuire’’. Aurore Tossa confirme bien cette réalité : « Jeune, entreprendre n’est pas facile mais c’est toujours bien d’être très tôt à son propre compte car en grandissant on construit toute une vie. » Ces propos montrent un état des lieux de l’entrepreneuriat sur le continent noir. Un véritable parcours de combattant qui demande de l’abnégation et beaucoup de persévérance : « Persévérez dans ce que vous faites, aimez le faire et surtout faites-le bien et quelques soient les difficultés, essayez quand-même de donner le meilleur de vous-même. » Par ailleurs, la promotrice de Aurorapearl convie les jeunes à savoir prendre des risques, à ne pas trouver de prétexte pour ne pas extérioriser leurs talents : « Je n’ai pas commencé avec un capital donné ; je n’ai pas non plus attendu quelqu’un avant de me lancer, c’est grâce aux économies issues de mes petits déjeuner que j’ai entrepris et aujourd’hui j’en suis très fière » car continue-t-elle, « l’autonomie est une grande arme pour lutter contre la pauvreté ».
Eliane FATCHINA