Pendant que la situation devient de plus en plus tendue entre la Russie et l’Ukraine, les ressortissants africains se retrouvent actuellement face à une véritable difficulté de subsistance en Ukraine. Des milliers d’entre eux sont empêchés de fuir vers les lieux sûrs et même de traverser la frontière après l’invasion de l’armée russe le 24 février dernier. Une situation qui crée beaucoup des frustrations et une tendance raciste.
Il n’est pas aisé de se réveiller un matin avec des coups de tirs et de cannons dans un pays étranger, loin de la famille, à des milliers de kilomètres de chez soi. Abandonnés à eux-mêmes, sans aucune aide, les africains vivant en Ukraine surtout les étudiants se débrouillent vaille que vaille pour trouver un moyen en vue d’échapper à l’assaut militaire. En effet, des chars, des avions et des navires de guerre lancent en Ukraine, la plus grande invasion depuis la seconde guerre mondiale. Les villes assiégées abritent des dizaines de milliers d’étudiants africains qui étudient la médecine, l’ingénierie et les affaires militaires. Les pays comme le Maroc, le Nigeria et l’Egypte font partir des 10 pays disposant plus d’étudiants en Ukraine.
Ainsi, l’effectif des étudiants ressortissant de ces pays s’élève à plus de 16 000 personnes. Ce qui rend la situation plus difficile actuellement est que l’espace aérien du pays est fermé, donc aucun vol n’est possible. De plus, il y a très peu d’ambassades africaines en Ukraine alors que les attaques se multiplient.
Des traitements choquants et racistes
« Il y a eu des informations regrettables selon lesquelles la police ukrainienne et le personnel de sécurité refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains » pour la Pologne, a déclaré le porte-parole de la présidence nigériane Garba Shehu. « Il est primordial que chacun soit traité avec dignité et sans faveur », a-t-il insisté. Pendant ce temps, les ukrainiens sont très nombreux à prendre la fuite vers l’Ouest. Environ 50 000 Ukrainiens ont fui le pays en moins de 48 heures, selon les Nations Unies. Sur son compte Twitter, le Dr Ayoade Alakija, envoyé spécial de l’Organisation mondiale de la santé a déclaré que « Les Africains noirs sont traités avec racisme et mépris en Ukraine et en Pologne. L’Occident ne peut pas demander aux nations africaines d’être solidaires avec eux s’ils ne peuvent pas nous montrer un respect fondamental, même en temps de guerre. Ignoré dans une pandémie et laissé mourir à la guerre ? ! INACCEPTABLE ». D’après plusieurs sources, les étudiants étrangers sont envoyés par les autorités polonaises au fond de la file d’attente, derrière les Ukrainiens. Les garde-frontières expliqueraient aux Africains « qu’ils doivent d’abord laisser passer les Ukrainiens », rapporte une journaliste de la BBC, en contact avec une Nigériane. « On est là depuis trois jours, c’est injuste ! », soupire un jeune homme.
Clayson Monyela, porte-parole du ministère sud-africain des Affaires étrangères, a affirmé que les africains étaient victimes de « mauvais traitements » à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne et que l’ambassadeur d’Afrique du Sud s’y était rendu pour aider un groupe de Sud-Africains, majoritairement des étudiants, coincés, à entrer en Pologne. Par contre, l’ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska a démenti l’accusation en affirmant : « Tout le monde reçoit un traitement égal. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants nigérians ont déjà franchi la frontière avec la Pologne » a-t-elle déclaré à des médias locaux. Elle n’a pas manqué de préciser que les Nigérians disposent d’un délai de 15 jours pour ensuite quitter le pays.

Pour l’instant, plus de 260 Nigérians ont été reçus par les ambassades. Les autres sont éparpillés entre la Roumanie, la Hongrie et la Pologne. « Nous assurons aux Nigérians que toutes les ressources sont mobilisées et que des dispositions sont mises en place pour évacuer efficacement nos citoyens en toute sécurité et dignité », a déclaré le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama
Certains États annoncent des mesures
L’État ghanéen a déclaré qu’il rencontrerait les parents des étudiants bloqués en Ukraine. Le gouvernement a également envoyé des fonctionnaires de l’ambassade aux postes frontaliers en vue d’aider ses ressortissants. Quant au Nigeria, la Nigerians in Diaspora Commission (NIDCOM), a communiqué les points de la frontière avec la Slovaquie qui étaient ouverts aux ressortissants nigérians. De même, il a transmis des numéros de téléphone de personnels qui doivent venir en aide aux centaines d’étudiants qui tentent de fuir l’Ukraine pour la Pologne et la Hongrie. La Côte d’Ivoire, qui compte environ 500 ressortissants en Ukraine d’après les médias locaux, a également indiqué prendre des dispositions pour leur évacuation. En ce qui concerne les ressortissants maliens, le gouvernement affirme sa préoccupation d’aider ses compatriotes qui tentent de quitter l’Ukraine. C’est ce qu’a indiqué un communiqué publié dimanche. D’après le ministère kényan des Affaires étrangères, 201 Kenyans sont en Ukraine, majoritairement des étudiants. Celui-ci a indiqué la semaine dernière qu’ils étaient tous sains et saufs même si certains sont toujours bloqués à la frontière polonaise en raison de restrictions de visa.
L’Union Africaine et la CEDEAO lèvent le ton
Par ailleurs, L’Union Africaine (UA) a tenu une déclaration le 28 février dernier à Addis Abéba sur la situation des ressortissants africains bloqués en Ukraine. L’UA se dit « particulièrement préoccupée » par le fait que les africains « se verraient refuser le droit de traverser la frontière hors de l’Ukraine ». Macky Sall, président du Sénégal et de l’UA ainsi que Moussa Faki, président de la Commission, rappellent ensemble que « toute personne a le droit de franchir les frontières pendant un conflit et devait bénéficier des mêmes droits quelle que soit sa nationalité ou son identité raciale ». Et donc il est nécessaire de reconnaitre cette prescription.
Un jour avant la déclaration de l’UA, la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné fermement l’invasion militaire opérée par la Russie et a invité les deux parties à mettre fin au combat et à recourir au dialogue. Dans son communiqué, l’organisation a appelé les deux parties à assurer la sécurité des ressortissants de l’ensemble de ses États membre vivant en Ukraine.






